Coup d’œil sur une innovation

L’innovation

Un bracelet se connectant à un téléphone intelligent comportant trois capteurs, dont le coût de production est de moins de 20 $, destiné aux personnes âgées dans le contexte de la COVID-19. Combinés à l’intelligence artificielle, ils permettent le monitorage de cinq signaux vitaux.

PHOTO FOURNIE PAR IMD RESEARCH

Le bracelet conçu par iMD Research, en collaboration avec trois universités canadiennes, contient « la plus petite plateforme de capteurs de signes vitaux au monde », moins d’un centimètre carré.

Qui ?

iMD Research est une entreprise montréalaise de consultation et de recherche scientifique fondée en 2013 par Nathaniel Lasry. Ce bachelier en physique de l’Université de Sherbrooke, qui a obtenu par la suite une maîtrise à l’Université du Québec à Montréal, un doctorat à l’Université McGill puis un postdoctorat à Harvard, a notamment conçu avec son équipe un système de positionnement pour optimiser les mammographies et un dispositif peu coûteux inséré dans la bouche pour traiter l’apnée du sommeil. Début octobre, on a annoncé qu’iMD Research s’associait à des chercheurs de l’Université McGill à Montréal, de l’Université Laval à Québec et de l’Université de l’Alberta à Edmonton dans le cadre d’un programme de stage financé par l’organisme Mitacs. L’objectif : concevoir « la plus petite plateforme de capteurs de signes vitaux au monde », moins d’un centimètre carré, intégrée dans un bracelet.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Paul Amsellem, responsable du marketing et de la production, et Nathaniel Lasry, fondateur et directeur scientifique d’iMD Research

Récemment, iMD Research a recruté l’ex-directeur général de Nokia France, Paul Amsellem, qui devient responsable du développement d’affaires, du financement et de la production. L’entreprise compte trois employés à temps plein et une quinzaine de collaborateurs.

Le produit

Comme des millions de Québécois, Nathaniel Lasry a été bouleversé par le sort des personnes âgées dans les CHSLD le printemps dernier, au plus fort de la pandémie de COVID-19. Comment s’assurer de leur état de santé, faire en sorte que le personnel médical et les proches puissent suivre en temps réel leurs signes vitaux ? En concevant un bracelet à bas coût, que tous les établissements pourraient offrir à leurs résidants, qui se connecte à un téléphone intelligent pour envoyer les données et les traiter par l’intelligence artificielle. C’est ainsi qu’avec seulement trois capteurs, un photopléthysmographe, une sonde de température et un accéléromètre, on arrive à évaluer les cinq signes vitaux de base, soit la température, le rythme cardiaque, la respiration, la saturation en oxygène et la pression artérielle.

Chaque université a hérité d’une tâche particulière : Montréal s’occupe du circuit imprimé, Québec de la miniaturisation et Edmonton, de l’IA.

Ce bracelet va coûter une fraction du prix d’une Fitbit ou d’une Apple Watch, parce qu’on n’a pas besoin de trucs fancy, pas d’écran sur le bracelet qui utilise toute la puissance de calcul du téléphone.

Nathaniel Lasry, fondateur et directeur scientifique d’iMD Research

Le bracelet alertera le personnel médical et les proches si les signes vitaux d’une personne âgée deviennent soudainement anormaux. « Aucun dispositif portable commercial n’existe en ce moment pour fournir facilement ces renseignements », indique M. Lasry.

L’avenir

Fin 2020 au plus tard, des prototypes pourront être utilisés dans des résidences pour personnes âgées participantes. iMD Research mettra sur pied une campagne de sociofinancement sur Kickstarter pour pouvoir offrir gratuitement des bracelets à ces établissements.

Par la suite, « on pourra penser à la profitabilité de l’entreprise », indique le directeur scientifique, qui précise que ce n’est pas l’élément principal de sa démarche. « Ma valeur ajoutée, ce n’est pas d’être un manufacturier, mais d’utiliser l’IA et de faire des partenariats stratégiques. Je cherche à trouver une solution d’urgence à une crise, de me dire quand je m’endors le soir qu’elle a sauvé des vies. »

Pour l’instant, l’essentiel du financement d’iMD Research provient d’organismes publics subventionnaires en recherche et développement. Pour prendre un virage plus commercial, un investisseur de l’entreprise montréalaise, Paul Amsellem, a officiellement pris en charge les volets de marketing et de production début octobre.