(Montréal) Les véhicules récréatifs ont servi d’échappatoire à bon nombre de vacanciers confinés en raison de la pandémie de COVID-19, et BRP veut maintenant s’assurer que cette nouvelle clientèle lui reste fidèle alors qu’un potentiel vaccin entretient l’espoir d’un retour à la normale.

Mais le constructeur des Ski-Doo, Sea-Doo et Can-Am estime qu’il a du temps devant lui pour convaincre ses nouveaux clients, étant donné que de nombreux observateurs calculent qu’il faudra des années au secteur touristique pour se relever de la crise sanitaire et recommencer à accaparer une partie du portefeuille des consommateurs.

« Nous avons la chance d’avoir de nouveaux clients n’ayant jamais été exposés aux produits récréatifs, a souligné le président et chef de la direction de BRP, José Boisjoli, mercredi, au cours d’une entrevue téléphonique en marge du dévoilement des résultats du troisième trimestre. Ils vont découvrir l’expérience et quelque chose de différent. »

En plus d’afficher une hausse de ses revenus et de ses profits pour la période de trois mois ayant pris fin le 31 octobre — pendant laquelle la demande a continué d’être au rendez-vous —, l’entreprise de Valcourt a relevé ses prévisions pour l’exercice en plus d’annoncer le retour d’un dividende.

Ces nouvelles ont reçu un accueil favorable de la part des investisseurs, puisqu’à la Bourse de Toronto, l’action de la société a clôturé à 70,24 $, en hausse de 2,21 $, ou 3,25 %.

Au cours du troisième trimestre, environ 34 % des clients dans l’industrie étaient de nouveaux acheteurs, alors que la moyenne oscille habituellement autour de 20 %, d’après un sondage mené par BRP auprès de 2400 clients répartis dans neuf pays. De plus, 72 % des répondants n’avaient jamais fait affaire avec l’entreprise québécoise.

« Il y a beaucoup de personnes qui voient ces nouveaux entrants comme un risque, a dit M. Boisjoli. Nous voyons plutôt cela comme une occasion que nous n’avions pas avant la pandémie. »

Le grand patron de BRP s’est montré sûr de pouvoir fidéliser environ la moitié de cette nouvelle clientèle.

En hausse

Au troisième trimestre, BRP a engrangé un bénéfice net de 198,7 millions, en hausse de 47 % par rapport à il y a un an. Son chiffre d’affaires — les ventes faites aux concessionnaires — a progressé d’environ 2 %, à 1,67 milliard. Les ventes au détail du segment des sports motorisés ont affiché une croissance de 16 % en Amérique du Nord au troisième trimestre, tandis que la moyenne de l’industrie était légèrement supérieure à 10 %.

La saison des ventes de motoneige a connu son meilleur début en cinq ans. À la fin octobre, la demande affichait une croissance de 15 % dans l’industrie. Dans le contexte, BRP a ajouté deux semaines de production en janvier à son calendrier. Chez les détaillants, la vigueur de la demande fait en sorte que très peu d’incitatifs à la vente, comme des rabais, sont offerts.

« On pense que vers Noël, il restera peu de motoneiges dans le réseau, un peu comme cela avait été le cas avec les motomarines à la fin juillet », a expliqué M. Boisjoli.

Abstraction faite des éléments non récurrents, BRP a affiché un bénéfice normalisé de 2,13 $ par action au troisième trimestre, comparativement à 1,51 $ par action il y a un an. Les analystes anticipaient un profit normalisé de 1,41 $ par action sur des revenus de 1,60 milliard, selon les prévisions recueillies par la société de données financières Refinitiv.

La société a relevé plusieurs de ses prévisions. Elle s’attend maintenant à afficher, pour l’exercice, un profit normalisé par action oscillant entre 5 $ et 5,25 $, alors que sa fourchette précédente variait entre 3,65 $ et 3,95 $.

« Le secteur des véhicules récréatifs a bénéficié de la pandémie et le déploiement d’un vaccin pourrait potentiellement nuire à la demande puisque les consommateurs pourraient (dépenser ailleurs) », a pour sa part observé l’analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, dans une note, en ajoutant que l’action de la compagnie présentait néanmoins un potentiel attrayant.

BRP, qui avait annoncé en mars la suspension de son dividende en raison de la crise sanitaire, recommencera à en verser un. Le paiement sera de 11 cents par action.