Une centaine de bornes rapide de « troisième génération » seront installées d’ici l’automne 2021 aux abords de plusieurs supermarchés IGA au Québec et au Nouveau-Brunswick. Ottawa investira cinq millions dans ce programme co-dirigé par le Jour de la Terre, qui allonge pour sa part huit millions.

« Notre but, c’est de marcher avant de courir. Mais mes yeux sont rivés sur l’Ontario, sur la Colombie-Britannique. On espère pouvoir traverser le Canada bientôt », a confié le président du Jour de la Terre Canada (JDT), Pierre Lussier, lors du dévoilement du réseau Rechargéco, mardi matin.

Pour l'heure, les 100 nouvelles bornes se trouveront dans les stationnements extérieurs d’une cinquantaine de succursales IGA. L'entreprise allongera 1,75 million via ses marchands participants et son Fonds Éco. Les bornes seront « universelles », en ce sens que des adaptateurs permettront à tous les modèles de véhicules de les utiliser. Elles seront disponibles 24 heures sur 24.

Ces bornes seront déployées « autant dans des régions densément peuplées que dans des endroits moins populeux », promet-on. Une vingtaine d'entre elles se trouveront dans le Grand Montréal, sur l’île de Montréal, mais aussi à Laval, à Longueuil, à Brossard ou à Dorval. Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke, Victoriaville et plusieurs autres villes seront aussi desservies. Une carte interactive a été mise sur pied.

Seules deux municipalités néo-brunswickoises, dont Edmundston, font toutefois partie de ce nouveau réseau pour le moment. « On va travailler là-dessus. C'est une situation temporaire », a promis M. Lussier, en affirmant que la difficulté est parfois de trouver l'équilibre entre la disponibilité des équipements et l'ouverture des marchands à accueillir les bornes.

Une ambition de longue date

La volonté d’IGA de créer son propre réseau de bornes de recharge pour les voitures électriques ne date pas d’hier. En mai 2019, La Presse révélait que 40 bornes de recharge rapide étaient déjà sur le point déjà installées dans 20 supermarchés. L’entreprise souhaitait alors obtenir l’aide des gouvernements pour aller plus loin, chaque borne coûtant autour de 85 000 $.

Éric Perreault, le vice-président construction et ingénierie du groupe Sobeys, affirme que son objectif est de combler « les trous de marché » au Québec, à l'extérieur des grands centres urbains.

Ç’aurait été facile de mettre des bornes là où on croit avoir un retour sur investissement plus rapide. Mais ce n’est pas l’objectif ; on veut démocratiser la recharge rapide.

Éric Perreault, VP construction et ingénierie chez Sobeys

En moyenne, recharger sa voiture électrique coûtera 14 $ de l’heure. Le paiement se fera via une application mobile ou par carte de crédit. M. Lussier souligne qu’une recharge complète devrait prendre seulement 20 minutes, « le temps de faire son épicerie ». Les bornes auront une puissance d’environ 62,5 kilowatts-heures (kWh). Chaque 22 du mois, les revenus d’une borne seront remis à un organisme de bienfaisance.

« C’est majeur », dit Guilbeault

Le ministre du Patrimoine canadien, Steven Guilbeault, a vivement salué l’initiative. « Voilà comment on bâtit un véritable changement », a-t-il dit. Questionné par La Presse au sujet des impacts qu’aura ce programme, l’élu a apporté des précisions.

C’est selon le principe : construisez et ils viendront. Quand on fournit l’infrastructure aux gens, ils l’utilisent.

Steven Guilbeault, ministre du Patrimoine canadien

« Il y aura quelque chose comme 2000 bornes d’ici la fin de l’année au Québec, mais plusieurs ne sont pas rapides. Arriver avec 100 bornes rapides dans l’Est, c’est majeur. L’un des freins à l’usage accru de véhicules électriques, c’est justement cette préoccupation de ne pas pouvoir recharger dans un délai raisonnable. On vient répondre à un enjeu », a-t-il expliqué.

Le ministre a par ailleurs révélé qu’il recevra une voiture de fonction électrique d’ici la fin de la semaine, à Ottawa. « Je vais donc avoir besoin de ces bornes très prochainement », a-t-il dit.