(Montréal) Le spécialiste québécois des simulateurs de vol et de la formation CAE estime que la façon dont il se relèvera de la crise provoquée par la pandémie de COVID-19 dépendra en grande partie de la levée des restrictions de voyage et de l’intérêt soutenu pour les avions d’affaires.

Les prévisions de la multinationale québécoise sont conformes à celles de l’Association du transport aérien international (IATA), qui anticipe un plongeon de l’ordre de 66 % des voyages cette année et une reprise qui ne débutera qu’à la fin de 2023 ou en 2024.

Mais le président et chef de la direction de CAE, Marc Parent, espère que les données entourant l’efficacité du vaccin de la pharmaceutique Pfizer contre le nouveau coronavirus pourront accélérer le retour à la normale.

« Peut-être que ça ira mieux grâce aux nouvelles (de lundi), a-t-il dit, dans le cadre d’une conférence téléphonique avec les analystes visant à discuter des résultats du deuxième trimestre. J’espère que oui, ça serait formidable, mais notre planification n’a pas changé. »

Depuis les creux observés en avril lorsque le secteur de l’aviation commerciale était complètement paralysé, il y a eu une reprise d’environ 50 % des vols quotidiens. De plus, le segment de l’aviation d’affaires, qui représente environ le tiers des activités de la division civile de CAE, se rétablit plus rapidement, a souligné M. Parent.

CAE a connu une bonne séance à la Bourse de Toronto, mardi, puisqu’elle a livré des résultats supérieurs aux attentes des analystes. Son titre a progressé de 2,12 $, ou 7,6 %, pour clôturer à 30,02 $ –un cours de clôture qui n’avait pas été dépassé depuis la mi-mars.

Pour la période de trois mois ayant pris fin le 30 septembre, l’entreprise a affiché une perte nette attribuable aux actionnaires de 5,2 millions, ou deux cents par action. La société a notamment attribué ce résultat à la comptabilisation d’une charge de restructuration de 51,1 millions.

En août dernier, CAE, qui compte quelque 10 000 salariés dans le monde, avait annoncé le licenciement de 350 employés, dont 200 au Québec, en raison des perturbations provoquées par le nouveau coronavirus.

Ces changements devraient lui permettre d’économiser annuellement 50 millions à compter de l’exercice 2022.

« À court terme, la visibilité demeure limitée, a dit M. Parent. Cependant, je suis convaincu que nous sommes en meilleure posture que nous l’étions au début de l’exercice. Nous continuons d’anticiper un deuxième semestre plus vigoureux. »

Dans le secteur de la défense, les nouvelles occasions d’affaires vont continuer d’être au rendez-vous, a souligné le grand patron de CAE, qui a dit ne pas entrevoir de turbulences aux États-Unis dans la foulée de l’élection du démocrate Joe Biden à la présidence.

De leur côté, les revenus de CAE se sont établis à 704,7 millions, alors qu’ils avaient été de 896,8 millions il y a un an. En excluant les éléments non récurrents, la compagnie a réalisé un bénéfice ajusté de 34,2 millions, ou 13 cents par action, au deuxième trimestre, par rapport à 74,7 millions, ou 28 cents par action, à la période correspondante de l’exercice précédent.

Dans une note envoyée à ses clients, l’analyste Steve Arthur, de RBC Marchés des capitaux, a estimé que les résultats trimestriels de la société étaient « bien au-delà » des attentes. Les analystes tablaient en moyenne sur une perte ajustée de deux cents par action et sur des revenus de 634,6 millions, d’après la firme de données financières Refinitiv.

La pandémie de COVID-19 continue de provoquer d’importantes secousses chez les clients de CAE, mais l’entreprise a vu le taux moyen d’utilisation de ses centres de formation s’établir à 49 % au deuxième trimestre, alors qu’il était de 33 % au premier trimestre. CAE a également livré 10 simulateurs en plus de décrocher trois commandes.

« Dans l’ensemble, nous voyons d’un bon œil (les perspectives) à long terme de CAE, a écrit M. Arthur. Il est clair que les vents de face attribuables à la COVID-19 continueront à souffler à court et moyen terme […], mais nous estimons que CAE émergera (de la crise) en meilleure position d’un point de vue concurrentiel. »