Les actions de SNC-Lavalin ont plongé de plus de 10 % en Bourse vendredi, passant sous les 18 $, à leur plus bas depuis la panique boursière de mars dernier, après l’annonce de résultats du troisième trimestre marqués à l’encre rouge et de perspectives d’affaires abaissées.

L’entreprise montréalaise en génie-conseil a déclaré une perte de 85,1 millions au cours de son troisième trimestre, comparativement à un bénéfice de 2,76 milliards il y a un an.

Elle avait alors réalisé un important gain grâce à la vente d’une partie de sa participation dans l’autoroute à péage 407, en banlieue de Toronto.

En excluant ces éléments non récurrents, SNC-Lavalin a comptabilisé une perte équivalente à 19 cents par action durant son troisième trimestre 2020, alors qu’elle avait affiché un profit de 1,24 $ par action à la même période il y a un an.

Les revenus pour le trimestre terminé le 30 septembre ont totalisé 2 milliards, comparativement à 2,43 milliards au même trimestre l’an dernier.

Quant au carnet de commandes, il était comptabilisé au montant total de 13,9 milliards en fin de trimestre, en repli de 10 % sur un an.

Dans sa division des services d’ingénierie, devenue la priorité du plan d’affaires de SNC-Lavalin, les revenus du troisième trimestre ont décliné de 3,3 % à 1,45 milliard.

En conséquence, le bénéfice sectoriel (ajusté) a été réduit à 142 millions, alors qu’il avait été de 175 millions au troisième trimestre de l’an dernier.

Selon les prévisions fournies par SNC-Lavalin, les revenus de ses services d’ingénierie pourraient décliner encore de 5 % durant le quatrième trimestre en cours.

Contrats à prix fixe

Par ailleurs, les hauts dirigeants de SNC-Lavalin ont indiqué que la situation déjà difficile des activités de grands projets de construction avec des contrats à prix fixe avait continué de se détériorer durant le troisième trimestre.

L’entreprise souhaite d’ailleurs négocier avec les promoteurs de certains projets, dont celui du Réseau express métropolitain (REM) dans la région de Montréal, dans le but de récupérer une partie des surcoûts et des pertes qu’elle attribue aux effets de la pandémie de COVID-19 sur les chantiers.

Ces contrats à prix fixe, pour lesquels les entreprises absorbent généralement les dépassements de coûts, continuent à porter ombrage aux efforts de recentrage de SNC-Lavalin vers les services d’ingénierie.

D’ailleurs, la perte ajustée des activités de SNC-Lavalin dans ces contrats à prix fixe s’est accentuée à 100 millions au troisième trimestre, alors qu’elle avait été de 45 millions il y a un an.

Ce résultat trimestriel comprend également une somme de 58 millions à la suite d’une décision d’arbitrage défavorable à SNC-Lavalin dans le cadre d’un litige avec un client dans le secteur des ressources naturelles ; un secteur d’ailleurs en restructuration chez SNC-Lavalin avec l’élimination de 9000 emplois devant être achevée en 2021.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Ian Edwards, président et chef de la direction de SNC-Lavalin

Nous cherchons activement à récupérer nos pertes [dans les projets à prix fixe]. Il y a des façons pour recouvrer [des sommes] dans ces contrats. Nous nous attendons à récupérer une partie des pertes.

Ian Edwards, président et chef de la direction de SNC-Lavalin, lors de la téléconférence d’analystes de discussion des résultats trimestriels

Sans évoquer de montants précis, M. Edwards a néanmoins énuméré trois projets par contrats à prix fixe au Canada que l’entreprise ciblait en priorité : le REM dans la région de Montréal — où SNC-Lavalin mène le consortium chargé de la construction — ainsi que les contrats pour les tronçons de train léger sur rail « Eglinton » et « Trillium » dans la région d’Ottawa.

En mi-journée vendredi, l’analyste Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, indiquait s’attendre à ce que « les investisseurs soient déçus » par les pertes accrues dans le secteur des projets par contrats à prix fixe.

En contrepartie positive, soulignait-il dans une note à ses clients-investisseurs, « mon approche à l’égard de SNC-Lavalin est axée sur la création de valeur à long terme […] et cela n’a pas changé puisque les résultats des services d’ingénierie ont dépassé les attentes ».

– Avec La Presse Canadienne