Le couperet tombe pour une deuxième fois en quelques mois seulement chez Pratt & Whitney Canada (P&WC) et Airbus Canada, ce qui se traduira par l’élimination d’environ 300 postes au Québec alors que la pandémie de COVID-19 continue de secouer l’industrie aérienne.

Cela s’ajoute aux quelque 4000 emplois disparus depuis le début de la crise sanitaire au sein de la grappe aérospatiale québécoise, notamment chez des entreprises bien connues comme Bombardier et Héroux-Devtek.

Le constructeur de moteurs Pratt & Whitney a attribué cette nouvelle réduction d’effectif à la nécessité de s’ajuster à une demande à long terme qui s’annonce beaucoup moins vigoureuse, puisque le secteur de l’aviation commerciale mettra plusieurs années à se relever de la crise sanitaire.

« Nous avons donc fait le choix extrêmement difficile, mais nécessaire, de mettre en œuvre un programme de départs involontaires d’employés salariés, a écrit une porte-parole de l’entreprise, Catherine Cunningham. Cette mesure est cohérente avec celles prises par nos clients et nos concurrents. »

Chez Airbus, qui assemble l’A220 — l’ex-C Series de Bombardier — à Mirabel, c’est 48 personnes qui perdront leur gagne-pain après avoir été prévenues la semaine dernière, a souligné une porte-parole, Marcella Cortellazi, au cours d’un entretien téléphonique.

Les travailleurs touchés offrent des services conjoints pour l’avionneur européen et le programme CRJ que Bombardier a vendu à Mitsubishi et qui arrive en fin de vie.

« Nous avions initialement prévu de les déployer sur le programme de l’A220 à la fin de l’année, mais en raison des impacts de la pandémie qui frappe notre secteur, nous ne pouvons le faire », a expliqué Mme Cortellazi.

En mai, l’avionneur européen avait annoncé des mises à pied touchant près de 350 personnes en plus de mettre sur la glace son projet visant à accélérer la cadence de production à Mirabel. Quelque 130 salariés ont été rappelés depuis.

Pratt & Whitney Canada n’a pas précisé les types de postes touchés. Chez Unifor, qui représente les syndiqués de l’entreprise, la responsable des communications, Marie-Andrée L’Heureux, a indiqué que les membres n’étaient pas touchés. En mai, la filiale de Raytheon, qui comptait environ 5000 travailleurs dans la province et est très présente à Longueuil, en banlieue sud de Montréal, ainsi qu’à Mirabel, dans les Laurentides, avait sabré 350 postes.

Des licenciements avaient été évités grâce à quelque 230 départs volontaires et à des retraites anticipées à la suite de négociations entre l’employeur et la partie syndicale.

Pratt & Whitney avait pu bénéficier de la Subvention salariale d’urgence du Canada dans la foulée de la mise en place du programme, mais la société n’est plus admissible à la mouture actuelle du programme, a fait savoir Mme Cunningham.

Avant la pandémie, l’industrie aérospatiale québécoise comptait quelque 43 400 emplois.

Aéro Montréal, une association qui représente le secteur, a déjà indiqué s’attendre à d’autres licenciements tout en exhortant le gouvernement Trudeau à aider ce secteur.

Dans un communiqué, l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA), qui représente les travailleurs chez Airbus, a estimé que les nouvelles réductions chez Pratt & Whitney Canada et Airbus constituent un nouvel indicateur de la crise ainsi que la « pointe de l’iceberg ».

« Le (gouvernement) fédéral a une grande part de responsabilité dans tout ça, a fait valoir son coordonnateur québécois David Chartrand. En refusant de s’engager publiquement à déployer une stratégie pour soutenir tant les transporteurs aériens que l’écosystème aérospatial, il envoie le message que ce n’est pas une priorité pour lui et ça ne fait qu’aggraver les choses. »

En l’absence d’aide d’Ottawa, les conséquences risquent d’être ressenties à long terme, a déploré l’AIMTA.