Marmen contestera devant la justice américaine la décision de l’administration Trump d’imposer des droits de 6 % sur ses mâts d’éoliennes vendus aux États-Unis.

« On avait le choix de contester la décision du département du Commerce devant l’ALENA, mais c’est trop long. On va plutôt aller devant les tribunaux américains », explique Vincent Trudel, vice-président à l’exploitation de l’entreprise de Trois-Rivières.

À la suite de la plainte de deux fabricants américains, le département du Commerce a conclu durant l’été que le Canada, le Viêtnam, l’Indonésie et la Corée du Sud subventionnent la fabrication de mâts d’éoliennes, et que leurs entreprises exportent leurs produits à des prix plus bas que sur leur marché intérieur.

Au Canada, Marmen et Vestas, une entreprise danoise, étaient les sociétés visées par la plainte. Marmen a été frappée de droits combinés de 6 % pour dumping et subventions illégales.

« Ce n’est pas la fin du monde et ça ne nous empêche pas d’exporter, mais on pense qu’on a une bonne cause et on va la défendre », dit Vincent Trudel.

La vie n’est pas facile actuellement pour les exportateurs, mais le marché américain est incontournable. « Tout manufacturier québécois dépend du marché américain », résume-t-il.

En plus des accusations de dumping, Marmen a dû se préoccuper de la menace américaine d’imposer des droits sur l’acier et l’aluminium en provenance du Canada, qui aurait pu avoir un impact sur ses activités de fabrication de mâts d’éolienne, qui sont en acier. L’administration américaine a finalement reculé.

La pandémie a aussi eu un impact négatif sur les activités de Marmen, qui a dû licencier 30 de ses employés à ses installations de Trois-Rivières et tous ses employés de l’usine de Matane, dont la moitié, soit 55 personnes, de façon permanente.

« C’est la première fois qu’on fait des mises à pied depuis 2002 », souligne Vincent Trudel.

Marmen dessert plusieurs marchés, dont l’aéronautique et le secteur pétrolier, où les perspectives se sont considérablement assombries depuis le début de la crise du coronavirus.

Dans le secteur de l’énergie renouvelable, les perspectives sont meilleures, mais il y a encore trop d’incertitude, estime le dirigeant de Marmen.

Il explique aussi que le développement éolien aux États-Unis se fait surtout dans les États du Sud, comme le Texas, trop loin pour que Marmen demeure concurrentiel, même si l’entreprise a une usine au Dakota du Sud qui fonctionne au maximum de sa capacité.

Au Québec, le développement éolien a été mis sur pause en raison des surplus d’électricité d’Hydro-Québec. Il est maintenant question de relance verte et de devancements de projets d’infrastructure, et Marmen souhaite que le secteur éolien en fasse partie.

« Ça nous prendrait un projet local pour maintenir les emplois, dit Vincent Trudel. Si on construit des ponts ou des écoles cinq ans avant d’en avoir besoin, on peut aussi devancer des projets éoliens avant d’en avoir besoin. »