(Ottawa) Les femmes sont plus susceptibles que les hommes de voir leur emploi affecté par l’automatisation, selon une étude de Statistique Canada.

« La pandémie de COVID-19 pourrait accélérer l’implantation de nouvelles technologies, car les entreprises pourraient vouloir rendre la production et la livraison de leurs biens, de même que la prestation de leurs services, plus souples à l’avenir », a souligné l’agence fédérale dans un rapport publié jeudi.

Les résultats s’appuient sur les données de l’Étude longitudinale et internationale des adultes réalisée en 2016, soit bien avant la pandémie qui a obligé les entreprises à fermer leurs portes et a fait grimper le chômage.

« Alors que les travailleurs qualifiés pourraient devenir plus productifs en complétant les tâches exécutées grâce aux nouvelles technologies ou en travaillant directement avec elles, d’autres pourraient avoir besoin de se perfectionner », a ajouté Statistique Canada.

Dans tous les cas, les emplois peuvent être transformés, les robots et les algorithmes informatiques prenant le relais de tâches routinières non cognitives, tandis que les humains se spécialisent davantage dans les tâches cognitives non routinières.

L’étude, décrite par l’agence comme la première à examiner en détail le risque de transformation des emplois liée à l’automatisation, a révélé que les changements risquaient d’affecter les femmes et les hommes différemment, en fonction des tâches qu’ils accomplissent et de leur automatisation.

Les hommes et les femmes étaient tout aussi susceptibles de faire face à un risque élevé de transformation professionnelle liée à l’automatisation, dans une proportion de 11 %. Cependant, 44 % des femmes étaient susceptibles d’être exposées à un risque modéré à élevé, contre près de 35 % des hommes.

Un risque élevé est défini comme une probabilité de 70 % ou plus, tandis qu’un risque modéré à élevé est de 50 % ou plus.

Dans l’ensemble, l’écart demeurait à peu près le même lorsque l’on comparait les femmes et les hommes ayant des caractéristiques similaires, comme l’âge, le niveau de scolarité, l’industrie et la profession.

Cependant, plusieurs caractéristiques étaient associées à un risque accru d’automatisation — être âgé de 55 ans ou plus, ne pas avoir de diplôme d’études postsecondaires, avoir de faibles niveaux de compétence en littératie ou en numératie, être né au Canada, avoir une incapacité, être un travailleur à temps partiel, ne pas être syndiqué et être employé dans une petite ou moyenne entreprise.

Les hommes âgés de 55 ans ou plus étaient également moins susceptibles de courir un risque modéré à élevé que les femmes du même groupe d’âge. En effet, 34 % des hommes de ce groupe étaient dans cette situation, contre 59 % des femmes.

En outre, 76 % des femmes sans diplôme d’études postsecondaires étaient confrontées au risque d’automatisation, contre 60 % des hommes, a précisé l’agence fédérale dans son rapport.

Les femmes handicapées qui n’étaient pas syndiquées ou qui travaillaient dans une entreprise de 10 employés ou moins étaient également plus susceptibles que leurs homologues masculins de faire face à un risque modéré à élevé de transformation de leur emploi en raison de l’automatisation.

Selon Statistique Canada, les différences pourraient indiquer que les femmes et les hommes exécutent des tâches différentes qui ne sont pas prises en compte dans les données.

Des recherches antérieures ont déjà révélé que les femmes étaient plus susceptibles de déclarer accomplir des tâches répétitives que les hommes exerçant la même profession, de sorte qu’il est possible qu’elles courent un risque accru de transformation de leur emploi en raison de l’automatisation.

Malgré les risques, il existe plusieurs raisons — notamment financières et juridiques — pour lesquelles les employeurs ne peuvent pas remplacer immédiatement les humains par des robots.

« Par conséquent, un risque élevé d’automatisation ne signifie pas nécessairement un risque élevé de perte d’emploi. »