Durs temps pour avoir des projets.

« Cette année, on a décidé de racheter l’entreprise familiale », raconte Stéphan Lemieux.

Les Serres Royales, situées à Saint-Jérôme, ont été fondées en 1995 par Gilles et Cécile Lemieux et leurs fils Pascal et Stéphan. L’entreprise se spécialise dans la culture traditionnelle ou biologique de petites tomates, toutes en serre.

Les enfants ont repris seuls le flambeau.

À grand renfort de notaires et d’avocats, « ça fait environ un an et demi qu’on travaille là-dessus », indique Stéphan Lemieux, président de l’entreprise.

« Ça s’est concrétisé en janvier 2020. »

Deux mois plus tard, le sort frappait : les serres acérées de la COVID-19 se sont refermées sur le Québec.

De vastes projets

Stéphan a 44 ans, son frère Pascal en a 45.

Ils avaient de beaux projets : faire passer la surface des serres de 6 à 12 hectares. Il s’agissait en quelque sorte de maintenir la tradition familiale.

Car Les Serres Royales ont connu un bel essor, avec une courbe de type pandémique, justement.

« Depuis la création de l’entreprise, on double la superficie des serres tous les trois ans environ, indique Stéphan Lemieux. On a commencé avec 10 000 pi2, on est rendus à 650 000 pi2. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Les 60 serres jumelées actuelles abritent 275 000 plants.

Les 60 serres jumelées actuelles abritent 275 000 plants.

Pour ajouter des serres, il fallait bien sûr qu’ils desserrent les cordons de la bourse.

« Il est plus difficile d’avoir du financement pour les serres », observe Stéphan Lemieux.

Ah bon ?

« On est comparés à ce qui se fait ailleurs. »

La charge de neige, en hiver, demande une structure plus solide que celle des serres des producteurs du sud de l’Ontario. Le coût au mètre carré est plus élevé, ce qui entraîne « un investissement plus important et plus long ».

Ajoutez un contexte de pandémie et d’économie enrhumée, et vous avez des institutions financières qui considèrent frileusement vos futures serres. « La difficulté est toujours de voir à quelle ampleur on peut faire les projets », soulève notre homme.

Plutôt que doubler la superficie d’un coup, les deux frères ont divisé le projet en deux et se sont contentés de trois modestes (!) hectares. « On va les rassurer », exprime-t-il.

Des serres de trois hectares occupent tout de même l’équivalent de 3,7 terrains de football (canadien, s’il vous plaît, zones de but comprises).

Mais la pandémie les dessert.

« Il y a beaucoup de composantes de serres qui arrivent d’Europe, relève l’entrepreneur. Avec la COVID, il y a des délais et des frais. »

Heureusement, toute médaille a deux faces. « D’un autre côté, la COVID a renforcé l’achat local ! »

Les deux frères ont réussi à financer leur projet au printemps, avec une enveloppe qui atteint la coquette somme de 20 millions.

Mais quelles serres !

Des serres responsables

Stéphan et Pascal Lemieux ont retenu la nouvelle serre Ultra-Clima, de la société néerlandaise Kubo.

« Ce sont des serres très efficaces au niveau énergétique », insiste Stéphan Lemieux.

La structure en acier galvanisé est recouverte de verre, avec un toit en aluminium. Les volets d’aération sont munis de moustiquaires. Pour garantir que les insectes restent du bon côté de la paroi, la serre est maintenue en surpression.

L’air et l’eau d’irrigation sont filtrés et réutilisés. « La distribution se fait sous les plantes », informe Stéphan Lemieux.

Le CO2 est maintenu à un niveau élevé, ce qui favorise la croissance et réduit les émissions.

En somme, si ces serres avaient quatre roues, elles porteraient la marque Tesla.

Comme dans les autres serres de l’entreprise, le chauffage sera assuré par une chaufferie à la biomasse, que l’entreprise alimente avec du bois de rebut.

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Trois nouveaux hectares de serres en production biologique s’ajouteront en 2022.

La construction des fondations commencera cet automne. Les structures seront érigées au printemps prochain, pour une première production à l’automne suivant.

Trois nouveaux hectares de serres en production biologique s’ajouteront en 2022.

La production augmentera donc de 50 % – en fait, elle doublera, si on considère l’agrandissement de 2022. Les effectifs connaîtront la même progression, pour passer de 80 employés à l’heure actuelle à 120 au milieu de 2021, avant de croître encore l’année suivante.

Cet afflux de tomates trouvera-t-il des débouchés ?

« On a fait une percée aux États-Unis, on a une forte demande de nos clients », rassure Stéphan Lemieux, très encouragé par la promotion de la production locale.

Bref, pas d’inquiétude : « On va desservir nos clients actuels. »

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