(Ottawa) Le chantier naval Seaspan de Vancouver fait une dernière présentation pour convaincre Ottawa de lui confier la construction du prochain fleuron de la Garde côtière canadienne, le brise-glace de classe polaire NGCC John G. Diefenbaker, avec la Davie comme principale concurrente.

Le chef de la direction de Seaspan, Mark Lamarre, propose de faire affaire avec Genoa Design International, de Terre-Neuve, pour une partie des travaux de sorte que le contrat profite à plusieurs régions du pays.

Mais sous cette nouvelle présentation fomente une certaine frustration. Sa source ? Seaspan croyait avoir déjà décroché ce contrat.

La construction du Diefenbaker avait d’abord été annoncée par le gouvernement conservateur de Stephen Harper en 2008, puis attribuée à Seaspan en octobre 2011. Il s’agissait de l’un des sept navires construits par le chantier naval britanno-colombien dans le cadre de la stratégie nationale de construction navale de plusieurs milliards de dollars.

La stratégie prévoyait que l’ensemble des sept navires, évalués à 8 milliards, inaugurerait une nouvelle ère de stabilité et de prospérité pour la construction navale sur la côte ouest du Canada, tout en livrant des navires indispensables à la Garde côtière et à la Marine royale.

Le Diefenbaker était sans doute le plus prestigieux d’entre eux. Initialement évalué à 721 millions, le brise-glace polaire devait être livré d’ici 2017 pour remplacer le navire amiral de la Garde côtière, le NGCC Louis S. St-Laurent.

Mais des conflits d’horaire, des problèmes techniques et d’autres pépins ont sabordé le calendrier et le budget — qui a été porté à 1,3 milliard en 2013 et qui sera encore une fois révisé — avant que le gouvernement ne retire carrément le navire du carnet de commandes de Seaspan en août 2019.

En mars dernier, Ottawa a demandé à tous les chantiers navals canadiens d’expliquer pourquoi ils devraient obtenir le contrat. Seaspan et son rival, le chantier québécois Davie, se sont manifestés.

Mais pour M. Lamarre, la question ne se pose même pas.

« Comme je l’ai dit, nous avons concouru pour le contrat en 2011 et avons remporté les navires non combattants », fait-il valoir.

L’entreprise dit avoir réalisé des investissements totalisant 185 millions au cours des neuf dernières années, spécifiquement dans le but de construire le brise-glace.

Lorsqu’on lui a demandé si Seaspan intenterait une poursuite contre le gouvernement s’il n’obtenait pas le contrat, M. Lamarre a affirmé qu’il serait prématuré de répondre à cette question.

Le gouvernement fédéral n’a pas fourni d’explication détaillée pour la réévaluation de cette commande, substituée par 16 plus petits navires qui, selon Seaspan, lui avaient déjà été promis par le précédent gouvernement.

Ottawa dit vouloir « déterminer la meilleure façon de procéder pour que le brise-glace soit livré de la manière la plus efficace et la plus rapide possible » et relève que l’ensemble de la flotte de brise-glaces de la Garde côtière est vieillissante.

Le gouvernement n’a pas non plus précisé le moment où il rendra sa décision.