(Montréal) Même s’ils ont perdu plusieurs dizaines de millions de dollars dans l’aventure, Investissement Québec (IQ) et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) sont appelés à remettre de l’argent sur la table alors que Stornoway Diamonds s’apprête à relancer les activités – avec quelque 100 employés de moins – de sa mine diamantifère dans le Nord-du-Québec.

Après une pause forcée d’environ six mois, qui s’est amorcée en raison de la pandémie de COVID-19, la reprise devrait avoir lieu d’ici la fin du mois et s’accompagnera notamment d’un programme visant à réduire les coûts d’au moins 30 millions au cours des 16 prochains mois.

De plus, les quatre actionnaires de l'entreprise s’engagent à allonger jusqu’à 30 millions de plus dans une facilité de crédit de premier rang destinée au fonds de roulement, dans lequel il reste près de 10 millions. Le bras financier de l’État québécois versera 15 millions, Redevances Aurifères Osisko, 7,5 millions, la CDPQ, 3,75 millions, et 3,75 millions viendront de Triple Flag.

Cette somme s’ajouterait aux 20 millions prêtés il y a un an.

« Si nous avions été les seuls à mettre de l’argent, nous aurions probablement dit non, a affirmé le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, lundi, au cours d’un entretien téléphonique. Uniquement pour maintenir le site en hibernation, les coûts sont de 15 millions par année. Je suis à l’aise de prendre ce risque. »

Lundi après-midi, il n’avait pas été possible de parler à la direction de Stornoway.

Après s’être placée à l’abri de ses créanciers en septembre dernier, la minière a été reprise par quatre créanciers garantis. Redevances Aurifères Osisko détient 35,1 % de Stornoway, contre 35 % pour IQ, 16,9 % pour la CDPQ et 13 % pour Triple Flag. Le projet Renard devait incarner la relance du Plan Nord.

IQ était le plus important actionnaire de Stornoway au moment de la restructuration avec une participation d’environ 25,8 %, alors que la CDPQ détenait 11 % des titres en circulation. La débâcle de Stornoway s’était soldée par des pertes de quelque 110 millions pour IQ et d’une quarantaine de millions de dollars pour le bas de laine des Québécois.

« C’est une bonne question à laquelle je n’ai pas la réponse, a dit M. Fitzgibbon, à propos de la possibilité que des sommes supplémentaires soient injectées. Est-ce un projet où l’État va réaliser un retour extraordinaire ? La réponse est non. »

Le plan de relance fait en sorte qu’il est possible de réduire les coûts d’environ 20 %, a précisé le ministre, ajoutant que cela faisait en sorte qu’il est possible de relancer les activités « sans perdre d’argent ».

Arrêt prolongé

En évoquant des conditions difficiles dans le marché des diamants, Stornoway avait décidé de prolonger, en avril dernier, la pause, même si Québec avait permis à l’industrie minière de redémarrer.

Cela avait laissé quelque 540 personnes sans emploi. On devrait compter 100 personnes de moins lorsque la mine aura atteint sa vitesse de croisière, a souligné le ministre de l’Économie, en indiquant qu’il y a eu des départs à la retraite, des personnes qui sont « allées ailleurs » et d’autres qui ne « reviendront pas ».

Si les conditions de marché demeurent difficiles pour le diamant, les « dernières indications » sont encourageantes, a estimé le vice-président, stratégie d’affaires chez Osisko, Benoit Brunet, au bout du fil.

« Il n’avait pas été possible de réaliser des ventes en avril et en mai, a-t-il indiqué, sans offrir de détails sur les prochaines étapes à venir. Nos consultants en Belgique ont recommencé à faire des ventes. »

Les prix du diamant sont cependant toujours loin des niveaux de 2014 – 147 $ US le carat – lorsque le montage financier du projet Renard, situé le territoire de la Baie-James, à quelque 250 km au nord de la Nation crie de Mistissini et à 350 km au nord de Chibougamau, avait été annoncé.