(San Francisco) Amazon cherchait à recruter des « analystes en renseignements » pour surveiller les « menaces d’organisations syndicales » au sein du groupe, avant de retirer mardi les offres d’emploi de son site face à l’indignation suscitée.

« La fiche ne décrivait pas correctement le poste. Elle a été faite par erreur et a depuis été corrigée », a réagi Leah Seay, porte-parole du géant du commerce en ligne, sans préciser la nature de l’erreur.

Les deux analystes devaient être capables d’informer des avocats du groupe « sur des sujets sensibles et hautement confidentiels, y compris les menaces d’organisations syndicales au sein de l’entreprise », d’après des captures d’écran des offres disparues.

Basés à Phoenix, en Arizona, ils auraient aussi dû « suivre de près les financements et activités liées à des campagnes en interne et en externe contre Amazon ».

La nouvelle de ces offres d’emploi a fait provoquer un tollé.

« Les travailleurs, notamment les travailleurs noirs, nous disent depuis des mois qu’Amazon les cible pour s’être exprimés. Cette description de poste est la preuve qu’Amazon a l’intention de continuer », a commenté dans un communiqué Dania Rajendra, la directrice d’Athena, un collectif d’organisations anti-Amazon.

« Aux États-Unis toute personne a le droit de parler et de se réunir avec d’autres pour améliorer ses conditions de vie et de travail. Et nous avons le droit de demander mieux pour nos communautés de la part d’une corporation qui vaut 1000 milliards de dollars », a-t-elle continué.

Amazon emploie 876 000 personnes dans le monde.  

Aux États-Unis, des associations lui reprochent régulièrement de prendre des mesures de rétorsion contre toutes les voix dissidentes et d’empêcher les employés de former des syndicats.

En mai, notamment, des licenciements de salariés qui avaient critiqué le groupe ont suscité des tensions. Même si, selon la direction, ces personnes avaient été remerciées à cause de violations répétées du règlement – pour avoir continué à travailler après avoir été testés positifs à la COVID-19, notamment.

« Amazon offre déjà ce que les syndicats demandent pour les employés : des salaires à la pointe de l’industrie avec au minimum 15 dollars par heure, des avantages sociaux conséquents, des opportunités de carrière, le tout en travaillant dans un environnement sûr et moderne », avait déclaré Lisa Levandowski, porte-parole d’Amazon, interrogée par l’AFP en mai dernier sur ce sujet.

« Ces avantages et opportunités font partie intégrante des postes, tout comme la possibilité de s’adresser directement aux responsables de l’entreprise », avait-elle précisé.