(Ottawa) Le chantier naval québécois Davie, qui avait convaincu Ottawa d’acheter des brise-glaces d’occasion pour la Garde côtière, tarde maintenant à livrer ces navires, qui demandaient des travaux de modernisation.

Benoit Mayrand, porte-parole du ministère des Pêches et des Océans, responsable de la Garde côtière, a attribué ces retards au besoin de moderniser les navires, de construction norvégienne, pour respecter la réglementation canadienne et améliorer leur endurance et leurs capacités de déglaçage.

Ottawa avait accepté en août 2018 d’acheter au chantier Davie les trois brise-glaces civils d’occasion, pour un coût total d’au moins 827 millions. Plus tôt cette année-là, le premier ministre Justin Trudeau avait créé la surprise en annonçant des négociations avec le chantier naval de Lévis, qui prévoyait alors des mises à pied massives.

La décision d’acheter les trois brise-glaces faisait suite à une intense campagne de la Davie ainsi que du gouvernement du Québec et des partis de l’opposition à Ottawa pour que le gouvernement fédéral accorde plus de contrats au chantier naval de Lévis.

Le premier des trois navires, connu sous le nom de NGCC Captain Molly Kool, a été rapidement livré et mis en service, après un travail de peinture et quelques petits travaux de conversion pour répondre aux exigences de la Garde côtière.

Alors que le NGCC Jean Goodwill était censé être prêt d’ici la fin de 2019 et le NGCC Vincent Massey cet été, le porte-parole du ministère des Pêches et des Océans, Benoit Mayrand, a confirmé cette semaine qu’aucun des deux n’avait été livré.

« Le NGCC Jean Goodwill devrait être livré à la Garde côtière d’ici la fin de 2020 », a déclaré Benoit Mayrand dans un courriel. « La date de livraison pour le NGCC Vincent Massey n’a pas encore été finalisée. »

Benoit Mayrand a attribué les retards au travail qui doit être fait pour convertir les brise-glaces de construction norvégienne afin de s’assurer qu’ils répondent à la réglementation canadienne et aux besoins de la Garde côtière, notamment en augmentant leur « capacité de déglaçage » et leur endurance.

Davie renvoie les questions à la Garde côtière

Le chantier naval de Québec a proposé pour la première fois de louer quatre brise-glaces d’occasion à la Garde côtière en avril 2016. Il a continué de faire pression sur le gouvernement libéral pendant près de deux ans, avertissant qu’il devrait licencier des centaines de travailleurs s’il n’avait plus de contrat du fédéral.

La pression de Davie pendant les deux années suivantes a coïncidé avec les préoccupations concernant la flotte de brise-glaces existante de la Garde côtière à la suite d’une série de pannes mécaniques dans les navires plus anciens.

Les représentants de Davie ont par la suite été surpris lorsque Justin Trudeau a annoncé à la radio lors d’une visite à Québec en janvier 2018 qu’Ottawa entamerait les négociations pour les navires le lendemain matin.

Le gouvernement a finalement accepté d’acheter plutôt que de louer les trois navires.

En annonçant l’accord en août 2018, le gouvernement fédéral a fixé le coût à 610 millions de dollars. Les documents budgétaires déposés plus tard à la Chambre des communes montraient qu’Ottawa avait réservé un total de 827 millions de dollars pour les navires, l’augmentation étant attribuée aux droits et aux tarifs d’importation.

Benoit Mayrand n’a pas immédiatement répondu aux questions mercredi concernant les raisons pour lesquelles les mises à niveau étaient nécessaires ou ce qu’elles impliquaient, ou combien le gouvernement s’attendait maintenant à dépenser.

La nécessité de moderniser les navires pourrait soulever de nouvelles questions quant à savoir si les navires étaient bien adaptés à la garde côtière, mais l’expert en construction navale de l’Université de Calgary, Timothy Choi, a déclaré qu’il y avait un besoin évident de plus de brise-glaces.

« Je dirais que si c’était effectivement le cas que les navires n’étaient pas nécessaires et que c’était juste un programme d’emplois pour le Québec, alors nous n’aurions pas vu le navire Molly Kool être utilisé et servir si tôt après son arrivée », a-t-il déclaré.

« Il s’agit à la fois d’un besoin de brise-glaces de cette classe et aussi d’un manque de meilleures options qui auraient minimisé les coûts et le temps de conversion supplémentaires. Il y a une pénurie importante de brise-glaces disponibles. »

Davie prévoit construire six nouveaux brise-glaces dans les années à venir, après avoir été le seul chantier naval à se qualifier pour être ajouté à la stratégie d’approvisionnement de plusieurs milliards de dollars du gouvernement fédéral en matière de construction navale.