La grève des préposés aux bénéficiaires dans sept résidences pour aînés du groupe Chartwell sera bel et bien déclenchée, les dernières heures de conciliation n’ayant pas permis de rapprocher les parties.

Le Syndicat québécois des employés de service, affilié à la FTQ, qui représente ces travailleurs, a confirmé jeudi après-midi qu’il exercera donc son mandat de grève à compter de 0 h 01, dans la nuit de jeudi à vendredi.

La grève illimitée doit toucher 500 travailleurs, principalement des préposés aux bénéficiaires, membres du Syndicat québécois des employés de service.

Sept résidences privées pour personnes âgées du groupe Chartwell sont concernées, à Québec et au Saguenay.

Ces préposés touchent de 13 $ à 14 $ l’heure, avant les primes temporaires versées par le gouvernement du Québec à cause du coronavirus.

Ils revendiquent 15 $ l’heure à l’embauche et 1 $ d’augmentation par année pour un contrat de trois ans.

Quels services touchés

Plus tôt cette semaine, le Tribunal administratif du travail a statué sur les services essentiels à maintenir durant la grève, car les dispositions à cet effet s’appliquent, même s’il s’agit d’un employeur privé.

Ainsi, le Tribunal a décidé que les employés affectés aux soins ne pourront pas débrayer du tout, malgré le vote de grève.

Les employés affectés au service alimentaire pourront débrayer durant 20 % de leur temps de travail. La grève touchera aussi des services connexes comme les loisirs, le secrétariat et certaines tâches des préposés aux bénéficiaires — bien qu’ils doivent assurer 100 % de leur temps de présence au travail.

Les parties se sont déjà entendues pour que la grève soit annulée, si jamais une éclosion de COVID-19 apparaissait. En entrevue, la présidente du SQEES, Sylvie Nelson, a d’ailleurs tenu à souligner que les sept résidences touchées se trouvaient en zone froide.

Les résidences touchées sont celles des Appartements de Bordeaux à Québec, Chartwell Domaine de Bordeaux à Québec, Chartwell Faubourg Giffard à Québec, Chartwell (CSH-HCN Lessee) Manoir Archer à Québec, Chartwell Villa du Saguenay à Saguenay, Chartwell Villa Chicoutimi à Saguenay et Chartwell Villa Jonquière à Saguenay.

Syndicat et employeur

Mme Nelson soutient que Chartwell, qui est le plus gros employeur privé dans ce domaine au pays, n’a offert que « des peanuts » à ces travailleurs, qui gagnent à peine plus que le salaire minimum, qui est de 13,10 $ l’heure.

Au groupe Chartwell, Marie-France Lemay, vice-présidente aux opérations et ventes, a déploré le moment choisi par les syndiqués pour débrayer. « La période pour exercer les mandats de grève nous semble très mal choisie, alors que la priorité de Chartwell est de lutter contre la COVID-19 qui demeure une menace sans précédent. »

Mme Nelson lui réplique que « c’est toujours un mauvais moment avec eux autres ; ils n’ont jamais fait preuve de bonne volonté, alors que nous, on a fait des avancées ».

« Il n’est pas question qu’en 2020, on accepte que nos travailleurs dans les résidences gagnent moins que 15 $ l’heure », a tonné Mme Nelson.

L’employeur s’est dit « soulagé que le Tribunal administratif du travail ait été sensible au bien-être et à la sécurité de nos résidents en ordonnant que plus de services essentiels soient maintenus par le syndicat durant cette grève, dont 100 % des soins de santé ».

Mme Nelson réplique que jamais ses membres ne mettraient en danger la santé ou la sécurité des résidents. Elle rappelle que le syndicat s’est engagé à annuler la grève si une éclosion de coronavirus venait à se déclarer.

Chartwell a assuré avoir négocié de bonne foi et fait évoluer ses offres depuis le début des négociations, il y a 18 mois. Mme Nelson assure du contraire et parle d’offres d’augmentations de quelques cents par heure.