DavidsTea s’est placé à l’abri de ses créanciers pour entamer une restructuration qui se soldera par une « réduction significative » de son nombre de magasins. Le détaillant en exploite actuellement 222.

La requête a été accepté par la Cour supérieure du Québec mercredi après-midi. L’entreprise se restructurera dans le cadre de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC). Une demande similaire sera déposée pour sa filiale américaine en vertu du chapitre 15 du code des faillites des États-Unis, a-t-on précisé dans un communiqué.

Le contrôleur responsable du dossier est Claudio Filippone, de PricewaterhouseCoopers.

Cette décision de recourir à la LACC a été prise après un « examen minutieux des options disponibles pour limiter les pertes dues à ses points de vente physiques », a déclaré le détaillant

Au cours du processus de restructuration, DavidsTea continuera à vendre ses produits en ligne et en gros dans les supermarchés et les pharmacies du Canada.

Il ne semble donc pas que les magasins – qui sont tous fermés depuis la mi-mars – soient sur le point de rouvrir.

« La direction et le conseil d’administration estiment qu’une restructuration formelle conduisant à une réduction significative de la présence de nos magasins est la meilleure voie à suivre pour assurer le succès et la pérennité à long terme de DavidsTea et de notre marque bien-aimée », a déclaré le fondateur, président du conseil et chef de la direction intérimaire Herschel Segal.

À la suite de l’annonce, le titre de la compagnie abandonnait 21,4 %, ou 0,19 $ US, sur le NASDAQ, pour atteindre 70 cents US. Il a finalement terminé la séance à 0,79 $ US en baisse de près de 12 %.

La compagnie qui a vu le jour en 2008 s’ajoute ainsi la liste grandissante des détaillants à avoir opté pour une restructuration supervisée par les tribunaux, sur laquelle figurent notamment Aldo, Reitmans, Sail Plein Air ainsi que Frank and Oak et Lolë (Coalision).

La direction du marchand de thé n’était pas disponible pour accorder des entrevues, a fait savoir la porte-parole Lyla Radmanovich, dans un courriel.

« PLUS AGILE ET EFFICACE »

M. Segal affirme que son intention est de « créer une entreprise plus agile et plus efficace ». Et que DavidsTea deviendra « principalement un détaillant en ligne et un distributeur de gros de thé ».

Des discussions avec les propriétaires immobiliers sont en cours. Le détaillant prévient qu’il pourrait « ultimement mettre fin à un nombre important de nos 222 baux ».

« DavidsTea a connu un déclin pluriannuel de ses ventes provenant des magasins et l’environnement de vente au détail post-COVID-19 crée des défis importants pour notre expérience unique du client en magasin », a pour sa part indiqué Frank Zitella, chef de la direction financière et de l’exploitation.

« Je regrette sincèrement l’impact que la restructuration de notre entreprise aura sur certains de nos employés exceptionnels et passionnés », a conclu M. Segal.

UN AVERTISSEMENT

Au moment de faire le point sur sa performance du quatrième trimestre, le mois dernier, DavidsTea avait évoqué la possibilité de se placer à l’abri de ses créanciers afin de se restructurer. L’entreprise n’avait pas payé ses loyers pour les mois d’avril, mai et juin.

M. Segal contrôle DavidsTea par l’entremise de sa société Placements Mauvais Jours, en plus d’être son chef de la direction intérimaire. L’homme d’affaires est également le fondateur du détaillant de mode Le Château, qui vient de signaler que sa survie est menacée.

Au cours de son exercice financier terminé le 30 mars, la société a perdu 31,2 millions, ou 1,20 $ par action, par rapport à une perte nette de 33,5 millions, ou 1,29 $ par action, l’année précédente. Ses revenus ont décliné de 7,6 %, à 196,5 millions.

Toutefois, entre le 18 mars et le 30 mai, période au cours de laquelle ses boutiques étaient fermées en raison de la pandémie, les ventes en ligne de DavidsTea ont bondi de 268,2 %, tandis que la progression de ses ventes en gros a été de 81,1 % comparativement à la période correspondante de l’exercice précédent.

- Avec La Presse canadienne