(Ottawa) Un nouveau sondage révèle que les compagnies aériennes qui espèrent compter sur l’appui de la population à leurs plans pour affronter la COVID-19 devraient s’attendre à des turbulences.

72 % des Canadiens interrogés par la firme Léger et l’Association d’études canadiennes disent qu’ils ne sont pas à l’aise de monter dans un avion depuis que plusieurs compagnies aériennes ont décidé d’assouplir leurs propres exigences en matière de distanciation physique à bord de leurs appareils.

Depuis le 1er juillet, Air Canada et WestJet ont toutes deux mis fin aux politiques empêchant de réserver des sièges adjacents.

La mesure a été jugée conforme aux recommandations d’un guide destiné à l’industrie aéronautique qu’avait publié Transports Canada en avril afin d’aider à ralentir la propagation de la COVID-19.

Le ministère avait notamment suggéré que les passagers soient autant espacés que possibles, sans toutefois rendre cela obligatoire.

Les compagnies aériennes doivent cependant obliger les passagers et les membres de l’équipage à porter un masque.

Seulement 22 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles étaient à l’aise de prendre l’avion sans distanciation physique à bord et sans l’obligation de porter un masque.

Il faut regarder plus loin pour assurer la sécurité à bord des appareils, a déclaré WestJet dans un communiqué publié la semaine dernière après que son plan ait fait l’objet de critiques.

« Ce qui contribue à rendre un avion sûr, ainsi que l’ensemble du voyage, ce sont les différentes couches de protection, soit le nettoyage renforcé, le port de masques et l’utilisation de filtres HEPA approuvés pour un usage hospitalier qui éliminent 99 999 % de toutes les particules en suspension dans l’air », a expliqué la compagnie aérienne.

« Les normes d’hygiène que nous adoptons aujourd’hui sont de calibre mondial et sont approuvées par des experts dans l’industrie », a-t-elle ajouté.

Remboursements

Les compagnies aériennes avaient également été critiquées pour une autre décision : refuser de rembourser intégralement les billets d’avion annulés en raison de la pandémie.

Des milliers de personnes ont supplié le ministre des Transports, Marc Garneau, d’ordonner aux compagnies aériennes de rembourser leurs clients, mais il a refusé de le faire, arguant que de rendre cela obligatoire dans un secteur qui a perdu plus de 90 % de ses revenus mettrait à mal l’industrie.

Cependant, 72 % des répondants se sont dits totalement opposés à son choix.

Plutôt que de rembourser leurs clients, les compagnies aériennes leur ont offert des crédits voyage. Le sondage indique toutefois que ça pourrait prendre un certain temps avant que les gens ne réservent les voyages annulés précédemment : 85 % des personnes interrogées ont déclaré aux sondeurs qu’ils n’envisageaient pas de voyager à l’étranger d’ici la fin de l’année.

Le sondage a été mené auprès de 1517 personnes. Aucune marge d’erreur ne peut être calculée étant donné que les sondages en ligne ne sont pas véritablement aléatoires.

Les répondants ont été questionnés entre le 3 et le 5 juillet, des journées durant lesquelles les Canadiens et les Américains se déplaçaient autrefois beaucoup entre les deux pays, étant donné la fête du Canada le 1er juillet et le jour de l’indépendance du 4 juillet aux États-Unis.

La frontière demeure cependant fermée pour tous les déplacements non essentiels, et la majorité des Canadiens interrogés estiment qu’elle devait rester ainsi. L’accord de fermeture conclu entre les deux pays expire le 21 juillet.

Parmi les Canadiens interrogés, 86 % ont déclaré qu’ils étaient totalement en désaccord avec une réouverture de la frontière à la fin du mois, ce qui permettrait aux Américains de venir au pays.

Les Américains semblent plus désireux de se diriger vers le nord que d’accueillir les Canadiens dans le sud ; 50 % croient que la frontière devait rouvrir et 36 % se sont dit en désaccord.

Le potentiel de transmission transfrontalière du virus a été un facteur clé dans la décision de garder la frontière fermée. Actuellement, les taux d’infection à la COVID-19 aux États-Unis continuent de grimper, tandis qu’au Canada, la courbe semble suivre une trajectoire descendante presque partout.

Pourtant, le sondage révèle que les Canadiens n’ont pas l’impression qu’ils sont sortis du bois. Trente-9 % pensent que le pire reste à venir, tandis que 35 % pensent que le pire de la crise est passé.

Aux États-Unis, 42 % des personnes interrogées pensent que les jours les plus sombres sont à venir, 25 % pensent que leur pays affronte le pire de la crise en ce moment, tandis que 21 % pensent que cette partie est déjà passée.