(Montréal) Le coup de pouce promis par le gouvernement Legault aux producteurs en serre du Québec devrait se traduire par un tarif d’électricité réduit qui sera offert à la quasi-totalité de ces derniers afin de chauffer leurs installations et éclairer leurs végétaux.

Il prendra la forme d’un élargissement de l’« option d’électricité additionnelle pour l’éclairage de photosynthèse » actuellement offerte par Hydro-Québec, selon des informations qui ont été diffusées et confirmées par La Presse canadienne. Une annonce est prévue vers la fin de la semaine.

Les producteurs de fruits et légumes, de fleurs et de plantes et même de cannabis devraient ainsi bénéficier de l’élargissement du programme offert par Hydro-Québec depuis 2013. Lundi, la société d’État n’a pas voulu commenter. Vendredi dernier, dans le cadre de son passage en Outaouais, le premier ministre François Legault, qui souhaite voir le secteur serricole doubler sa superficie de production, avait signalé qu’une annonce était imminente.

Actuellement, un serriculteur dont la puissance installée est d’au moins 300 kilowatts (kW) a droit à un tarif de 5,59 cents le kW pour de l’éclairage de photosynthèse. Hydro-Québec peut toutefois procéder à des interruptions en période de pointe. Le seuil minimum de puissance installée sera abaissé de manière significative, ce qui devrait profiter aux quelque 1000 producteurs en serre de toutes les tailles, Le tarif sera également offert pour le chauffage.

« C’est ce qu’on demandait depuis plusieurs années, a expliqué le président des Producteurs en serre du Québec, André Mousseau, au cours d’une entrevue téléphonique. Nous voulions que tout le monde ait accès à un tarif concurrentiel. »

Selon des données du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), le secteur des fruits et légumes de serre comptait, en 2018, 468 entreprises dont la superficie représentait 123 hectares et des recettes de 144 millions. Les tomates (63 hectares), les concombres (25 hectares) et les laitues (11 hectares) arrivaient en tête de liste.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Suffisant ?

M. Mousseau ne connaissait pas tous les détails lundi, notamment en ce qui a trait au tarif, de ce qui sera offert aux producteurs en serre. À 5,59 cents le kW, il faudrait probablement en faire un peu plus, a-t-il laissé entendre.

« Il faut être concurrentiel avec le gaz propane, le gaz naturel, et il manque au moins un cent, 1,5 cent le kW pour être concurrentiels, a lancé le président des Producteurs en serre du Québec. On veut que l’électricité soit attrayante pour les producteurs. »

Très peu de serriculteurs chauffent actuellement à l’électricité, a souligné M. Mousseau. Un tarif préférentiel pourrait en inciter plusieurs à se tourner vers l’électricité tout en conservant une option complémentaire, comme le propane ou le gaz naturel, en cas d’interruptions en période de pointe.

Bien qu’il soit difficile de dire si un répit tarifaire pourrait permettre à l’industrie d’atteindre les objectifs du gouvernement Legault, cela constitue néanmoins un premier pas notable, a estimé Diane Parent, professeure émérite à la faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval.

« Il n’y a pas seulement que de grosses serres, a-t-elle observé au cours d’une entrevue téléphonique. Je trouve que c’est un très bon coup de pouce. Il me semble que cela aurait dû être fait avant, puisque d’autres secteurs bénéficient déjà de tarifs préférentiels. »

Un portrait du MAPAQ mis à jour en 2018 souligne toutefois qu’il y a encore beaucoup de pain sur la planche, puisque malgré les nombreuses mesures d’aide annoncées depuis 2013, cela ne « ne permet pas d’observer leurs impacts sur la compétitivité des entreprises » dans la production de fruits et légumes.

Le document souligne notamment que c’est la main-d’œuvre qui constitue la principale dépense des producteurs québécois. Les coûts sont deux fois plus élevés qu’en Ontario, où « les entreprises ont investi dans de grands complexes de serres modernes, ce qui leur a permis de maximiser l’efficacité du personnel ».

Les compagnies québécoises sont généralement de moins grande taille par rapport à l’Ontario. Dans 60 % des cas, la superficie exploitée est inférieure à 1000 mètres carrés.