(Montréal) La COVID-19 n’a pas fini de gruger les recettes publicitaires des stations de radio exploitées par Stingray, qui estime toutefois que la pandémie lui permettra de réaliser des avancées du côté des services qu’elle offre aux entreprises et détaillants.

Après une baisse des revenus de 12 %, à 29,9 millions, du secteur radio au premier trimestre terminé le 31 mars, où les effets du nouveau coronavirus ont commencé à se faire ressentir pendant les deux dernières semaines, la baisse a été plus vertigineuse au mois d’avril.

« Le recul a été d’environ 60 %, a expliqué le président et chef de la direction de l’entreprise établie à Montréal, Eric Boyko, au cours d’une conférence téléphonique avec les analystes. La reprise sera lente. C’est simple, il faut que les magasins rouvrent leurs portes à travers le pays. Si vos magasins sont fermés, vous ne faites pas de publicité. »

Alors que les plus petits commerçants se retrouvaient sur les lignes de côté, les plus gros joueurs, comme les chaînes d’alimentation, ayant pu poursuivre leurs activités malgré la pandémie, n’ont pas comblé le manque à gagner. Avec de longues files à l’extérieur de leurs magasins, ceux-ci n’ont pas voulu dépenser pour stimuler l’achalandage, a expliqué le patron de Stingray.

Surtout connue pour ses services musicaux et chaînes spécialisées, la compagnie a effectué une percée dans le secteur traditionnel de la radio en mettant la main, en 2018, sur Newfoundland Capital, propriétaire de 101 licences, mais absente du marché québécois. Pour éviter d’importantes réductions de personnel dans cette division qui compte quelque 750 employés, Stingray s’est tournée vers la subvention salariale d’urgence proposée par le gouvernement fédéral.

« La grande question est de savoir si nous serons de retour à plein régime en septembre, a dit M. Boyko. Les chiffres ne sont pas impressionnants pour le mois de mai. »

Entre-temps, même si les revenus ont fléchi de 0,6 %, à 38,5 millions, dans la division de la diffusion et de la musique pour les entreprises, Stingray anticipe des jours meilleurs. La société vient de s’entendre avec Dollarama pour la diffusion de programmation musicale personnalisée et ponctuée de messages dans les 1300 points de vente du détaillant au Canada.

Si Stingray a donné un peu de répit à des clients en difficulté, la compagnie estime qu’un nombre grandissant de marchands voudront retenir ses services pour, par exemple, rappeler à leur clientèle les mesures sanitaires mises en place.

« J’ai l’impression que nous sommes devenus un service essentiel, a dit M. Boyko. Dollarama est un bon exemple. Ils nous ont appelés et voulaient leur réseau branché (rapidement) pour effectuer des messages de sécurité. »

La pandémie devrait faire perdre des revenus récurrents oscillant entre 160 000 $ et 200 00 $ par mois à Stingray. Son président a expliqué que cela a été plus que contrebalancé par des ententes conclues avec Dollarama et d’autres entreprises, telles que l’épicier Metro, qui devraient permettre à la compagnie d’obtenir mensuellement entre 400 000 $ et 600 000 $ de plus.

En baisse

Au quatrième trimestre, Stingray a affiché une perte nette de 8,5 millions, ou 11 cents par action, par rapport à un profit net de 3,9 millions, ou 6 cents par action, il y a un an. De son côté, le chiffre d’affaires consolidé a fléchi de 6 %, à 68,4 millions.

En excluant les éléments non récurrents, le profit ajusté a fléchi de 31,4 %, à 10,1 millions, ou 13 cents par action, soit quatre cents de moins par rapport aux attentes des analystes sondés par la firme de données financières Refinitiv.

« Bien que les défis soient importants pendant la pandémie, nous estimons qu’ils sont temporaires », a estimé Maher Yaghi, de Desjardins Marchés des capitaux, dans une note envoyée aux investisseurs.

L’analyste a noté que les réductions de coûts de l’ordre de 30 millions devraient aider Stingray à traverser cette période plus turbulente.

Pour l’exercice, la compagnie a engrangé un profit d’environ 14 millions, ou 18 cents par action, alors qu’elle avait perdu près de 12 millions, ou 19 cents par action, l’année précédente. Son chiffre d’affaires a bondi de 44 %, à 306,7 millions.