(Washington) Les entreprises américaines ont souffert de la pandémie de COVID-19 dans toutes les régions du pays. Mais alors que Donald Trump veut hâter le redémarrage de l’économie, elles peinent désormais à remettre au travail leurs salariés, malgré un chômage à un plus haut historique.

Après avoir passé plus de deux mois au chômage, les Américains qui avaient perdu leur emploi en raison des mesures de confinement ne sont parfois pas prêtes à retourner travailler pour des raisons fort différentes, révèle une enquête de la Réserve fédérale américaine (Fed) auprès d’entreprises, publiée mercredi.

Il y a ceux qui craignent pour leur santé, ceux qui ne peuvent retourner travailler tant que les écoles et crèches restent fermées, détaille le Livre beige de la Fed.

Et surtout, pour beaucoup, il est plus intéressant de toucher l’allocation chômage, temporairement très généreuse, qu’un salaire.

L’allocation chômage est en effet rehaussée pour tous les bénéficiaires de 600 $ US par semaine jusqu’à fin juillet, comme prévu par le plan de relance de l’économie adopté fin mars par l’administration Trump et le Congrès.

Dans la région de New York, particulièrement touchée par la pandémie, certaines entreprises ont commencé à « rappeler les travailleurs licenciés et (en) embaucher de nouveaux », mais « de nombreux chômeurs sont réticents à reprendre le travail ».

Face aux « difficultés à retenir ou réembaucher leurs employés », des employeurs de la région de Richmond, en Virginie, ont choisi d’augmenter temporairement les salaires des employés dont le travail est indispensable, « pour égaler le montant (qu’ils) pourraient gagner au chômage ou pour réduire l’absentéisme ».

La Banque centrale note que les salaires ont augmenté dans les secteurs qui ont continué à tourner, comme la santé ou les magasins alimentaires, reculant ailleurs.

Pessimisme

Ces difficultés à trouver de la main-d’œuvre pourraient contrarier la réouverture rapide des entreprises, voulue par Donald Trump malgré les mises en garde d’experts sur le danger d’une potentielle deuxième vague de contaminations.

Le président républicain brigue un second mandat à la Maison-Blanche et avait fait de la bonne santé de l’économie l’un de ses arguments phare.

Or, l’autre enseignement contenu dans ce Livre Beige est que les entreprises de toutes les régions du pays ont été touchées par les mesures de confinement, mises en place à des degrés divers selon les régions.

« L’activité économique a reculé » dans toutes les régions des États-Unis, « chutant brutalement dans la plupart », relève la Fed.

Et si de nombreuses compagnies interrogées « espèrent une reprise de l’activité à mesure que les entreprises rouvriront », elles jugent les perspectives « très incertaines » et sont souvent « pessimistes quant au rythme potentiel de reprise ».

L’emploi a lui aussi chuté, affecté par ces fermetures.

De nombreuses entreprises à l’activité non indispensable ont réduit leurs effectifs de plus de 10 %, et annulé les embauches prévues, relève la Fed de San Francisco, qui couvre un large quart du pays à l’ouest.

Seule une entreprise sur trois de la région de Cleveland « prévoit de réembaucher la quasi-totalité des employés licenciés », laissant penser que « l’emploi est peu susceptible de revenir rapidement à son niveau d’avant la pandémie ».

Toutefois, la grande majorité des entreprises de la région de New York qui se sont séparées de leurs employés « considèrent cela comme temporaire, et prévoient de (les) réembaucher ».

La saison estivale qui commence, offrant chaque année des milliers d’emplois saisonniers, devrait elle aussi faire pâle figure. Par exemple, une entreprise du Montana ne prévoit que 1000 embauches estivales, contre 4000 habituellement.

Le chômage, qui était tombé en février à son plus bas niveau depuis 50 ans, a grimpé à un niveau historiquement élevé.

Près de 40 millions de personnes ont pointé au chômage depuis mi-mars, et plus de 25 millions perçoivent actuellement une allocation, contre environ 1,7 million avant la pandémie.

Le Livre Beige, publié huit fois par an par la puissante institution financière, relate la situation économique de l’ensemble des secteurs d’activité par région. Pour le réaliser, les entreprises ont été interrogées avant le 18 mai.