(Québec) Le gouvernement du Québec est en discussion avec de potentiels investisseurs qui lorgnent le Cirque du Soleil, a confirmé vendredi Pierre Fitzgibbon.

Le ministre de l’Économie, qui participait à un échange virtuel avec des députés d’opposition, est toutefois resté coi sur une éventuelle aide du gouvernement et les montants qui sont en jeu.

L’objectif du gouvernement, a-t-il affirmé, est de faire en sorte que le Cirque du Soleil renaisse, que le siège social demeure au Québec et que la structure financière soit solide.

« Le Cirque du Soleil, c’est une organisation qui est centrale à toute la grappe créativité », a-t-il souligné.

Mais ce serait « totalement inapproprié » pour lui de publiciser quoi que ce soit aujourd’hui, alors que des discussions en coulisses se poursuivent.

Le député libéral Monsef Derraji demandait au ministre de confirmer l’information obtenue par l’agence Bloomberg à l’effet que le Cirque discutait avec Investissement Québec (IQ) pour qu’il lui prête jusqu’à 500 millions CAN.

Jeudi, le président du conseil d’administration du Cirque, Mitch Garber, a indiqué, dans un courriel envoyé à La Presse canadienne, que l’entreprise de divertissement n’avait pas « demandé au gouvernement un dollar de financement ».

Il ne faut pas croire tout ce qu’on lit dans les journaux, a répondu M. Fitzgibbon, avant d’affirmer que le gouvernement serait au rendez-vous si « le privé a besoin de notre support ». « Le gouvernement n’a pas besoin d’être dans le Cirque du Soleil, il faut bien comprendre ça », a-t-il dit.

M. Fitzgibbon a tout de même assuré, vendredi, être « très conscient » qu’il jonglait avec l’argent des contribuables, et promis d’être « prudent », « rigoureux » et « totalement transparent » lorsqu’une annonce sera faite.

Il a évoqué d’autres conditions à une éventuelle participation du gouvernement du Québec, notamment sur le plan de la rémunération, « au niveau fiscal et au niveau structure de capital ».

Traînant une dette estimée à plus de 900 millions US, le Cirque vient d’obtenir un financement d’urgence de 50 millions US auprès de ses trois principaux actionnaires — TPG Capital (60 %), la firme chinoise Fosun (20 %) et la Caisse de dépôt et placement du Québec (20 %).

En plus d’étudier tous les scénarios, y compris celui où elle se placerait à l’abri de ses créanciers, la compagnie a commencé ses démarches afin de dénicher un investisseur ou un acquéreur, ou de renégocier une autre injection de capitaux auprès de ses propriétaires actuels.

Autant à Québec qu’à Ottawa, le Cirque a récemment ajouté des mandats à ses inscriptions aux registres des lobbyistes afin de solliciter un coup de pouce financier dans le but de traverser la tempête déclenchée par le nouveau coronavirus.

Puisque le ministre Fitzgibbon n’a jamais fermé la porte à une éventuelle aide du gouvernement Legault, tout porte à croire qu’IQ serait mis à contribution dans la relance du Cirque, qui a annulé ses 44 spectacles en plus de licencier la quasi-totalité de son effectif — environ 4700 personnes — en raison de la pandémie de COVID-19.

Le président et chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a déjà exprimé son intérêt à l’endroit du Cirque, tandis que Guy Laliberté a laissé entendre cette semaine qu’il pourrait s’impliquer dans le sauvetage de l’entreprise qu’il a fondée en 1984, trois mois après avoir retiré ses dernières billes.