(New York) Le constructeur de véhicules électriques Tesla a gagné de l’argent à la surprise générale au premier trimestre malgré la fermeture prolongée de son usine californienne en réponse aux mesures de distanciation sociale et de confinement qualifiées de « fascistes » par son patron Elon Musk.

« Dire aux gens qu’ils ne peuvent pas quitter leurs maisons et qu’ils seraient arrêtés s’ils le faisaient, c’est fasciste. Ce n’est pas démocratique. Ce n’est pas la liberté. Rendez aux gens leur satanée liberté », s’est emporté M. Musk lors de la conférence d’analyse des résultats, faisant écho à un tweet posté un peu plus tôt dans lequel il appelle à « Libérez l’Amérique maintenant ! ».

Ces déclarations tapageuses, qui interviennent en plein débat sur le moment opportun de relancer l’activité économique, devraient faire grand bruit et probablement éclipser la performance financière de Tesla.

Le constructeur de véhicules électriques a affiché un bénéfice net de 16 millions de dollars lors des trois premiers mois de l’année. Ce résultat s’est traduit par un bénéfice par action ajusté des éléments exceptionnels, référence en Amérique du Nord, de 1,24 dollar entre janvier et mars.

Les marchés financiers anticipaient en moyenne une perte par action de 0,36 dollar, un pessimisme justifié par le fait que Tesla, comme les autres groupes automobiles, a dû fermer son usine californienne de Fremont, près de San Francisco, le 19 mars, soit 12 jours avant la fin du trimestre. Tesla avait perdu 702 millions de dollars au premier trimestre 2019.

L’action bondissait par conséquent de plus de 10 % dans les échanges électroniques suivant la clôture à Wall Street.

« C’est une performance impressionnante de la part d’(Elon) Musk dans un environnement noir », a salué Dan Ives, expert chez Wedbush, prédisant une flambée continue en Bourse de l’action Tesla, dont la capitalisation boursière est le double de celle de General Motors (GM), Ford et Fiat Chrysler combinée.

Tiré par un bond de 33 % des livraisons de voitures, le chiffre d’affaires a flambé de 32 % à 5,99 milliards de dollars, légèrement supérieur aux attentes (5,90 milliards).

Tesla a livré 88 496 véhicules lors des trois premiers mois de l’année, en hausse de 40 %, principalement grâce à son nouveau VUS Model Y, dont la montée en cadence de production est en avance sur le calendrier initial.

« Un grand mal »

Les voitures Tesla, qui sont équipées d’une aide à la conduite baptisée Autopilot, vont désormais s’arrêter d’elles-mêmes au feu rouge et au signal « Stop », a par ailleurs affirmé M. Musk, se gardant néanmoins de donner des prévisions financières pour le deuxième trimestre et au-delà.

« Il y a des incertitudes sur le rythme auquel nous et nos fournisseurs allons pouvoir augmenter la production une fois que les opérations auront recommencé », a prévenu Tesla, qui n’a pas donné de date de reprise de l’activité dans son usine américaine.

Le constructeur, qui produit aussi des panneaux solaires, a tenu toutefois à rassurer les marchés sur son objectif de livrer au moins 500 000 voitures en 2020.

« Nous avons la capacité de dépasser l’objectif de 500 000 véhicules à livrer cette année, en dépit des interruptions de production », assure Tesla, qui dispose également d’une usine géante à Shanghai.

Celle-ci, actuellement ouverte, est capable de produire par an jusqu’à 200 000 Model 3, le véhicule d’entrée de gamme de Tesla, qui commercialise aussi le Model S, le Model X et le Model Y.

Les analystes tablent eux sur des livraisons annuelles autour de 420 000 véhicules.

Tesla espérait redémarrer son usine américaine le 4 mai, mais a dû remiser ses plans dans le placard après que les autorités sanitaires locales eurent prolongé le confinement.

« Cela va faire un grand grand mal (aux entreprises et aux sous-traitants), pas seulement à Tesla », a prévenu Elon Musk.