(Calgary) La rapide propagation de la COVID-19 dans les usines d’emballage de viande du Canada n’est pas surprenante, selon des responsables syndicaux et sanitaires.

Fabian Murphy, le président du Syndicat de l’Agriculture, qui représente les inspecteurs fédéraux des aliments, note que les récentes mesures de sécurité mises en place sont positives. Toutefois, dans une usine de transformation des viandes, il est difficile de contrôler le virus si les gens sont déjà malades.

Selon M. Murphy, si une usine de viande compte 2000 autres employés, ce n’est pas possible de constamment maintenir une distance de six pieds.

Il cite notamment en exemple le fait que les employés doivent se rendre dans la salle à manger, aux stations de lavage, à leurs casiers pour enfiler et enlever les vêtements et l’équipement de travail et à la salle de bain. Tous ces gestes, dit-il, rendent la distanciation sociale impossible.

Le bilan de la COVID-19 dans le secteur de l’emballage des viandes continue de s’aggraver. Une fermeture d’une usine d’Olymel au Québec a été suivie par celles décrétées chez Harmony Foods, près de Calgary, et dans une imposante usine de la société Cargill près de High River, également en Alberta.

Par ailleurs, le nombre de cas de la COVID-19 continue d’augmenter à une usine de l’entreprise JBS à Brooks, en Alberta, mais celle-ci maintient ses activités.

Selon M. Murphy, le seul moyen de résoudre une éclosion dans une usine de viande est de la fermer pendant 14 jours pour donner une chance aux employés de mettre en pratique l’isolement volontaire.

Plusieurs travailleurs dans ces usines sont des étrangers qui envoient de l’argent à leur famille à la maison. Il affirme que la peur de perdre un chèque de paie incite un certain nombre d’entre eux à se présenter au travail plutôt que de se déclarer malades.

« Malheureusement, nous voyons ça au sein d’une population vulnérable. (Ces gens) ont besoin de cet argent additionnel et ils n’ont pas l’option de ne pas aller travailler. »

La docteure Deena Hinshaw, médecin hygiéniste en chef de l’Alberta, a fait remarquer que plusieurs mesures ont été mises en place à l’usine Cargill pour prévenir le coronavirus, incluant la distanciation, des panneaux de plexiglas ainsi que de l’équipement de protection personnel.

« Mais parce qu’il y a tellement de gens qui entrent et sortent de ces usines, il est possible que la propagation se soit produite avant que ces mesures ne soient mises en place », a-t-elle déclaré à des journalistes plus tôt cette semaine.

« Plusieurs personnes qui travaillent là vivent aussi au sein de familles nombreuses. Et plusieurs pratiquaient le covoiturage pour aller au travail et en revenir », ajoute-t-elle.

Selon la docteure Hinshaw, une approche communautaire est nécessaire pour prévenir la propagation après que des travailleurs quittent une usine.

En date de jeudi, 440 employés à l’usine de Cargill avaient subi des tests positifs à la COVID-19, incluant une personne qui en est décédée, et 140 cas additionnels ont été associés à une propagation dans la communauté.