La décision, lundi, de permettre la réouverture des ateliers mécaniques a pris ces derniers de court et déclenché un branle-bas de combat pour aménager les espaces, rappeler les employés et imaginer de nouvelles procédures. Les prochains jours risquent d’être très occupés.

« C’est sûr que de l’apprendre en même temps que tout le monde lundi, il a fallu aller très vite », note Mathieu Spinelli, vice-président du groupe de concessionnaires du même nom.

« On a été chanceux d’avoir déjà travaillé sur des plans. »

Chez Belron Canada, société mère des enseignes Lebeau vitres d’auto et Duro, 7 des 51 centres corporatifs étaient restés ouverts depuis le début de la crise, pour assurer des services essentiels de remplacement de pare-brise, notamment sur des véhicules d’urgence.

Aujourd’hui, ça nous aide, parce que ça fait déjà quatre semaines que nos équipes travaillent sur les règles de sécurité.

Sylvie Leduc, vice-présidente des ventes, du marketing et de l’exploitation des franchises chez Belron Canada

Rapidement, ces règles ont pu être transmises aux autres centres et aux franchisés. L’entreprise avait aussi déjà commandé certains équipements, dont des supports permettant d’utiliser des pare-brise pour séparer les clients du personnel au comptoir.

D’une entreprise à l’autre, les clients qui demandent un changement de pneus, une réparation de pare-brise, un entretien de routine ou autre peuvent s’attendre à des règles similaires : accueil des clients qui disposent d’un rendez-vous seulement, désinfection de la voiture avant et après les travaux, espace limité en salle d’attente, non-disponibilité des navettes de raccompagnement, etc.

Certains entrevoyaient déjà des méthodes un peu originales. Les établissements du Groupe Gravel, par exemple, prévoient accueillir leurs clients à l’extérieur et les faire patienter à même leur voiture, expliquait mardi leur président, Jean-Claude Gravel.

Seuls les clients dont la voiture est dans l’atelier seront admis à l’intérieur, sur des chaises largement espacées au sein de la salle d’exposition.

Déjà débordés

Tous les ateliers ne pourront fonctionner au maximum de leur capacité dès le départ, prévient-on. Chez Belron, on prévoit ne compter que sur deux techniciens par établissement mercredi, puis procéder à des rappels additionnels en fonction de la demande de rendez-vous. Même si jusqu’à 50 % de la clientèle se présente normalement sans rendez-vous, ceux-ci seront obligatoires au départ.

Le réseau Spinelli, lui, a dû rappeler les membres de son équipe de ressources humaines au travail dès lundi pour dénicher de nouveaux employés afin de répondre à une demande qu’on prévoit très élevée. Certains des employés rappelés n’étaient pas disponibles à si court terme, en raison d’obligations familiales, parce qu’ils présentaient eux-mêmes des symptômes ou parce qu’ils s’inquiétaient pour leur santé.

« On reçoit normalement environ 11 000 clients en mars et la même chose en avril, affirme M. Spinelli. On est déjà à pleine capacité pour au moins une ou deux semaines, dépendamment du concessionnaire. Mais on se garde une marge de manœuvre pour prioriser les travailleurs essentiels. »

« Juste dans un de nos concessionnaires, on avait 250 personnes qui avaient laissé des messages pendant la fermeture, alors on les a tous rappelées », indique pour sa part Jean-Claude Gravel, qui s’attendait lui aussi à des journées passablement occupées pour les établissements du Groupe Gravel.

« On est bien contents, parce que tous nos employés rentrent [mercredi] matin », se réjouit-il.

Il reste à voir si cet engouement permettra de rattraper le temps perdu, au point de vue financier. Beaucoup de travaux qui auraient dû être faits au cours des dernières semaines, notamment les changements de pneus et les entretiens de routine, doivent être effectués de toute façon.

Mais les voitures qui n’ont pas roulé en cette saison printanière n’ont pas reçu de roches dans leur pare-brise, rappelle Mme Leduc. Et des réparations moins urgentes pourraient ne jamais être effectuées, les finances de nombreux clients étant plus serrées.

« On est super contents de reprendre le travail maintenant, parce qu’on s’attend quand même à une baisse des revenus de 20 % à 30 % jusqu’à la fin de l’année », craint Mme Leduc.