(Taipei) Les usines en Chine du géant taïwanais de l’électronique Foxconn, principal fournisseur de l’américain Apple, ne fonctionnent qu’à 50 % de leur capacité de production habituelle en raison de l’épidémie du nouveau coronavirus, a-t-il indiqué mardi, n’attendant un retour à la normale que fin mars.

Foxconn,  le plus grand assembleur mondial d’appareils électroniques, a été sévèrement pénalisé par les mesures de confinement et restrictions de circulation prises pour endiguer l’épidémie, qui ont perturbé ses approvisionnements et le privent toujours d’une partie de ses employés.

En conséquence, ses usines en Chine fonctionnent « à quelque 50 % de leurs capacités saisonnières », n’assurant que la moitié de leur production habituelle, a indiqué le président de Foxconn, Young Liu, lors d’une conférence téléphonique.

Et ce alors que les congés du Nouvel An lunaire sont officiellement terminés depuis plus de trois semaines.

Désormais, le retour à une cadence normale n’est attendu que fin mars : « Nous travaillons étroitement avec les autorités locales pour reprendre l’activité progressivement et de façon ordonnée selon les réglementations », a expliqué M. Liu.

Les bras manquent toujours cruellement – notamment dans son usine géante de Zhengzhou (centre), surnommée l’« iPhone City », où est assemblée selon des estimations plus de la moitié des smartphones d’Apple.

Quelque 50 000 employés manquent toujours à l’appel sur ce site, soit 22 % des effectifs, a rapporté mardi le quotidien officiel Global Times. De même source, dans une usine shanghaïenne d’un autre fournisseur d’Apple, seul un quart des ouvriers ont repris le travail.

Des règles drastiques de confinement dans certaines régions, des restrictions persistantes de circulation et d’éventuels placements en quarantaine empêchent de nombreux travailleurs chinois, rentrés dans leur région d’origine pour les congés du Nouvel An, de regagner leur usine.

Un défi majeur pour Foxconn (dont le nom officiel est Hon Hai Precision Industry), le plus grand employeur du secteur privé en Chine avec plus d’un million de salariés dans ses usines et centres de recherche.

Signe de ce besoin désespéré de main-d’œuvre, Foxconn offre aux nouvelles recrues dans la province du Sichuan (centre-ouest) une prime de 3750 yuans (480 euros), selon une annonce consultée par l’AFP. Des médias locaux ont fait état de primes de Foxconn dans d’autres régions.

Or, nombre de grandes entreprises technologiques mondiales dépendent de Foxconn pour la fabrication d’objets de grande consommation, des iPhone aux téléviseurs à écran plat en passant par les ordinateurs portables.

Apple a déjà averti que les difficultés restreignant la production d’iPhone en Chine allait « temporairement affecter ses revenus », l’empêchant de tenir ses objectifs de vente.

De quoi peser également sur les performances de Foxconn lui-même : il prévoit un plongeon de 15 % de ses revenus trimestriels pour la catégorie des objets connectés et articles électroniques grand public.

« Au premier trimestre, (l’épidémie) a un évident impact négatif sur nos quatre grandes gammes de produits », a reconnu M. Liu. Mais selon lui, Foxconn, qui avait déjà sabré ses prévisions annuelles, ne les abaissera plus que de façon « marginale ».

Pour autant, Foxconn prévoit désormais pour 2020 une hausse annuelle de son chiffre d’affaires comprise entre 1 % et 3 % seulement, contre une fourchette de 3 à 5 % dévoilée en janvier, selon l’agence Bloomberg.

Dans l’immédiat, le cabinet taïwanais Fubon Securities prédit quant à lui un repli de 5 % sur un an du chiffre d’affaires de Foxconn au premier trimestre, et surtout un vif ralentissement de ses livraisons pour Apple.

Selon les analystes de Fubon, Foxconn pourrait livrer 204 millions d’iPhone en 2020, soit une augmentation de 9 % sur un an et très en deçà d’une prévision précédente de 217,5 millions d’appareils.