Deux mois après avoir nié l’information, le CN a annoncé cette semaine à 108 contrôleurs ferroviaires établis à Montréal que leur poste était transféré à Edmonton.

Le contrôle ferroviaire de l’ensemble du réseau du CN, d’un océan à l’autre, sera dorénavant concentré à Edmonton « afin d’améliorer la sécurité de nos opérations et la gestion de nos effectifs », a expliqué le CN dans une déclaration écrite. Essentiellement, cette centralisation lui permettra d’investir davantage dans de nouvelles technologies et de regrouper tous ses contrôleurs dans le même édifice, a-t-on précisé.

Le choix d’Edmonton plutôt que du siège social de l’entreprise à Montréal pour cette centralisation a été fait « en raison des infrastructures et des ressources importantes du centre de contrôle ferroviaire déjà en place dans cette ville », selon la déclaration écrite du CN.

La rumeur d’un tel déménagement circulait depuis déjà plusieurs mois chez les employés concernés, qui avaient vu apparaître de mystérieux affichages de postes à Edmonton et avaient même reçu des messages explicites provenant de leurs cadres.

Le CN avait aussi à ce moment déjà annoncé le transfert à Edmonton d’une vingtaine d’employés chargés de la répartition des équipes de cheminots et d’une vingtaine d’autres assurant le contrôle ferroviaire dans la zone du nord de l’Ontario.

Malgré tout, un porte-parole de l’entreprise insistait à ce moment sur le fait qu’il n’y avait pas d’autre transfert au programme.

« La décision n’avait pas encore été prise », a expliqué vendredi ce porte-parole, Jonathan Abecassis.

« Illogisme »

Les employés concernés relèvent plusieurs illogismes dans la décision. D’abord, le centre de contrôle de Toronto vient tout juste d’être transféré à Montréal. Des employés torontois qui avaient demandé au CN de leur permettre de choisir entre Edmonton et Montréal s’étaient vu imposer Montréal, affirme un employé montréalais, Alexis Phillion.

Les employés soulèvent aussi la question de la langue. La loi oblige la disponibilité de contrôleurs bilingues dans certaines des zones dont la supervision sera transférée à Edmonton. Il est loin d’être acquis que l’entreprise trouvera suffisamment d’employés francophones pour le faire, font valoir les employés.

Le transfert à Edmonton doit être échelonné de juin à octobre prochains. L’échéancier semble très serré, selon M. Phillion.

« Ça a pris quatre ans pour transférer le centre de Toronto. »

À moins d’accepter un déménagement à Edmonton, les possibilités de reclassement à Montréal sont très faibles pour les 108 employés touchés, selon M. Phillion. « Et c’est sûr qu’on ne fera pas le même salaire. »