L’entreprise américaine de cybersécurité GoSecure doublera ses effectifs de « pirates informatiques éthiques » au Québec d’ici trois ans, un investissement de 1,5 million représentant 70 embauches.

Déjà présente à Montréal et Québec, l’entreprise verra ses effectifs d’experts en sécurité passer à 140 personnes, selon l’annonce faite ce vendredi matin en marge d’un forum sur les échanges internationaux organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain au Palais des congrès. En comprenant l’ensemble du personnel, GoSecure comptera 175 personnes dans ses bureaux de Montréal, Québec, Toronto et Halifax.

Il y a deux types d’entreprises : celles qui ont été victimes d’une cybercrise et celles qui le seront.

Mathieu Grignon, directeur général des opérations canadiennes chez GoSecure.

Ces « cybercrises » –rançongiciels, attaques de serveurs, vols de données– sont provoquées huit fois sur dix par des erreurs humaines plutôt que des codes informatiques complexes, a-t-il expliqué en entrevue. « Le plus gros problème, la plus grosse clé, et je vais vous révéler un secret : c’est l’humain. »

Tests d'intrusion

Au-delà des vérifications techniques des infrastructures informatiques, GoSecure procède à des tests d’intrusion très terre-à-terre visant à démontrer la vulnérabilité des entreprises, a-t-il précisé. « On peut par exemple avoir un employé qui se tient à côté de la porte par où sortent des employés pour fumer. Il lui suffit d’entrer quand la porte ouvre. »

« Je n’ai jamais été aussi fier d’accueillir des pirates à Montréal », a lancé à la blague Stéphane Paquet, PDG de Montréal International. Son organisme, en collaboration avec Investissement Québec International, a préparé le terrain depuis 2018 pour cette annonce.

Le président d’Investissement Québec International, Hubert Bolduc, a rappelé qu’il y a à peine deux mois, OneSpan, une firme de cybersécurité de Chicago, avait annoncé une expansion semblable à Montréal avec une centaine d’embauches. « J’aime dire qu’il y a possiblement plus de potentiel en cybersécurité dans le Grand Montréal qu’en intelligence artificielle […] Il faut continuer à attirer du talent, c’est fondamental pour continuer d’attirer des investissements étrangers. »

Il a rappelé que le Grand Montréal abrite quelque 2000 filiales de sociétés étrangères, dont les deux tiers ont des projets d’investissement dans les prochaines années.

Un cas inversé

Avec cette annonce, l’essentiel des activités de GoSecure, qui compte 200 employés aux États-Unis et au Canada, sera désormais concentré au Québec. Il s’agit d’une évolution plutôt inusitée pour une entreprise fondée à Montréal en 2002 puis achetée par l’Américaine CounterTack en 2018. Au lieu de déplacer ses activités vers son siège social à San Jose, en Californie, CounterTack a intensifié ses activités au Canada et a même changé de nom pour adopter celui de GoSecure.

Ces décisions reflètent « la richesse de l’écosystème de cybersécurité québécois », estime Mathieu Grignon.