(Montréal) En plein virage afin de redresser ses activités, SNC-Lavalin recrute un ex-cadre de Bombardier ayant supervisé certaines des principales ventes d’actifs du constructeur d’avions et de trains au cours des dernières années.

La firme d’ingénierie a annoncé mercredi la création de trois nouveaux postes au sein de sa haute direction, dont celui de chef de la transformation, qui a été confié à Louis Véronneau. Son mandat consistera essentiellement à se pencher sur d’éventuels désinvestissements et sur la réduction des coûts.

Embauché en 2015 par Bombardier en tant que spécialiste des fusions et acquisitions, ce banquier d’affaires avec une formation en droit avait piloté les négociations lorsque la multinationale a cédé le contrôle de la C Series à Airbus, a vendu 30 % de Bombardier Transport à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et s’est départie de son site torontois de Downsview.

« Nous devons faire un examen approfondi de l’entreprise dans son ensemble afin d’établir des liens entre nos processus, notre structure de coûts et notre modèle d’affaires », a souligné le président et chef de la direction de SNC-Lavalin, Ian Edwards, par voie de communiqué, en soulignant que M. Véronneau « jouera un rôle crucial ».

Dans le cadre de sa nouvelle stratégie, la société a cessé de soumissionner sur des contrats à prix fixe, où les dépassements de coûts sont absorbés par l’entrepreneur, afin de se tourner davantage vers les services d’ingénierie, où les risques sont moins élevés.

L’entreprise dit également explorer « toutes les options possibles » pour son secteur des ressources, dont une éventuelle cession.

Selon Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux, l’embauche de M. Véronneau vient renforcer sa thèse selon laquelle SNC-Lavalin peut « générer de la valeur » en procédant à certains désinvestissements.

« Nous continuons de croire qu’une vente du secteur des ressources permettrait à l’entreprise de débloquer des capitaux pour réinvestir dans les services d’ingénierie tout en réduisant son exposition au Moyen-Orient et au segment des ressources », a estimé l’analyste dans une note.

En mai dernier, SNC-Lavalin avait dévoilé un plan visant à réduire son empreinte dans 15 pays et a procédé, l’été dernier, à une vente partielle de sa participation dans l’autoroute à péage 407, dans la région de Toronto, dans le but de récolter 3,25 milliards.

De son côté, en tant que président du secteur des infrastructures, Jonathan Wilkinson se penchera entre autres sur les projets clé en main existants — d’une valeur d’environ 3,2 milliards à la fin du troisième trimestre — qui figurent dans le carnet de commandes de SNC-Lavalin.

Sur une base intérimaire, Dale Clarke a été nommé vice-président directeur des services d’infrastructures, pour faire croître les services nord-américains à « haut rendement », comme ceux qui touchent l’ingénierie.

En décembre, au terme d’un accord entre la défense et la Couronne, la division de construction de SNC-Lavalin a plaidé coupable à une accusation de fraude pour des gestes posés en Libye entre 2001 et 2011.

L’entreprise a écopé d’une amende de 280 millions, mais a obtenu un arrêt des procédures à l’égard des accusations de fraude et de corruption qui pesaient sur SNC-Lavalin et sa division SNC-Lavalin International. Cela semble écarter la possibilité que la firme ne soit plus en mesure de soumissionner sur des contrats publics pour une période pouvant atteindre 10 ans.

À la Bourse de Toronto, l’action de SNC-Lavalin se négociait à 31,75 $, mercredi, en début d’après-midi, en recul d’un cent.