L’un des plus grands fonds de placement immobilier (FPI) diversifiés du pays envisage la vente partielle ou totale de la gare Centrale, selon les rapports d’analystes financiers qui suivent le titre de Cominar.

Un rapport d’étape sur l’avancement de cette initiative sera fait au premier trimestre 2020, dit Sylvain Cossette, président et chef de la direction du fonds, dans un entretien avec La Presse.

« Est-ce qu’on va le garder nous-mêmes ? Va-t-on le développer en partenariat ou permettre à un tiers de réaliser l’ampleur de l’œuvre ? Ce sont des discussions que nous avons aujourd’hui. Je ne peux rien ajouter. On est au cœur du travail », explique le patron.

Un mandat a été donné à deux conseillers financiers pour étudier les stratégies susceptibles de créer de la valeur à la gare Centrale.

Avec ses 1,7 million de pieds carrés, la gare Centrale constitue le plus important élément d’actif en portefeuille pour le FPI, coté en Bourse depuis 1998. Il a aussi son importance stratégique. Au cœur de la ville souterraine, la gare Centrale reste une plaque tournante en matière de transport collectif, connectant les trains de banlieue, la ligne orange du métro et bientôt le Réseau express métropolitain (REM). Environ 50 millions de personnes foulent ses planchers annuellement.

IMAGE FOURNIE PAR COMINAR

Cominar a de grands projets au-dessus de la gare Centrale de Montréal. 

Dans une présentation aux investisseurs, début octobre, Cominar a estimé pouvoir construire trois tours résidentielles d’un total de 1800 logements en droits aériens au-dessus de la salle des pas perdus de la gare Centrale.

L’analyste Pammi Bir, de RBC Marchés des capitaux, est persuadé que la propriété, si elle est mise en vente, suscitera l’intérêt des investisseurs institutionnels.

Ivanhoé Cambridge, filiale de la Caisse de dépôt, détient des propriétés à proximité de la gare Centrale comme la Place Ville Marie et l’hôtel Le Reine Elizabeth. « Pas de commentaires », a fait savoir Sébastien Théberge, porte-parole d’Ivanhoé, quand La Presse a voulu s’enquérir de son appétit pour la gare.

« Il n’y a eu aucune discussion avec Ivanhoé ou Kevric [gestionnaire de Place Bonaventure, voisin d’en face de la gare] », ajoute M. Cossette.

D’après M. Bir, les fruits d’une éventuelle vente devraient servir à réduire l’endettement du FPI, qui demeure élevé.

La dette nette s’élève à 10 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement des 12 derniers mois, selon les calculs de l’analyste Matt Kornack, de la Financière Banque Nationale (FBN).

Des logements au Mail Champlain

Cominar a désigné 10 de ses propriétés pouvant accueillir des logements dans une perspective de densification du patrimoine bâti. « À court terme, outre le CN, le projet le plus significatif, celui qui retient notre attention à l’interne, est le Mail Champlain », confie M. Cossette. Le centre commercial est situé près de la future station Panama du REM, à Brossard. Il y a un potentiel d’ajout de 1100 logements. Toutefois, le zonage devrait être modifié. 

On travaille en temps réel sur ce qu’on peut faire avec cet actif.

Sylvain Cossette, président et chef de la direction de Cominar

Cominar a publié ses résultats du troisième trimestre le 8 novembre dernier. Ils ont été bien accueillis par la communauté financière, qui s’est réjouie de l’amélioration de la performance locative (hausses des loyers et du taux d’occupation des immeubles). La direction de Cominar prévoit une hausse des revenus nets d’exploitation du portefeuille de propriétés comparables de 2,5 à 3 % en 2019. La FBN tablait sur une variation positive de 1 et 2 % en début d’année.

Le prix cible des trois analystes est de 14,50 $ pour VMD, 15 $ pour RBC et 17 $ pour la FBN. Vendredi, CUF.UN a ouvert à 14,17 $. Depuis la publication de ses résultats trimestriels le 8 novembre, le titre a gagné 0,71 $ ou 9,3 %.