S’il faut se fier à la réaction en Bourse, SNC-Lavalin a certainement rassuré un certain nombre d’investisseurs jeudi en présentant sa plus récente performance financière trimestrielle. Des observateurs préviennent toutefois que la partie est encore loin d’être gagnée pour le cabinet montréalais d’ingénierie.

Poussée boursière

L’action de SNC a gagné 21 % jeudi, à 23,81 $. Ça peut sembler beaucoup comme appréciation en une séance, dit Maxim Sytchev, de la Financière Banque Nationale, mais ce ne l'est pas dans le contexte où il y avait 9,3 millions d'actions vendues a découvert (sur un total de 175 millions). La poussée du jour est d’autant plus impressionnante que le titre perdait jusqu’à 5 % de sa valeur au cours de la séance précédente. Cette réaction fait dire à Maxim Sytchev que la performance présentée par SNC jeudi n’est pas aussi mauvaise qu’on pouvait le craindre. « Attirer des investisseurs à long terme pourrait toutefois prendre encore du temps », avertit l’analyste.

Changer les perceptions

« Un trimestre positif, il n’y a pas de doutes », commente Eric Gibouleau, gestionnaire de portefeuille chez Dorchester Gestion d’actifs. « C’est certain par contre que le REM [Réseau express métropolitain], par exemple, demeure une préoccupation. C’est un gros projet. Si SNC peut améliorer son exécution sur ce type de projets [contrats forfaitaires] et avoir un meilleur contrôle des coûts, ça va contribuer à modifier les perceptions (SNC doit encore compléter quelques contrats forfaitaires qui font craindre des dépassements de coûts importants). Pour beaucoup d’investisseurs, SNC n’était pas un titre dans lequel on pouvait investir en raison de ce qui est survenu dans le passé. Si l’entreprise peut aligner un ou deux autres trimestres semblables où il n’y a pas vraiment de surprises, les gens vont se montrer disposés à investir. »

Performance supérieure aux attentes

La performance des mois de juillet, août et septembre a surpassé les attentes des marchés à au moins trois niveaux importants : le bénéfice d’exploitation ajusté et le bénéfice par action ajusté de la division ingénierie et construction, ainsi que les revenus consolidés même si ces derniers sont en recul de 5 % sur un an. Une meilleure exécution explique la performance, selon Yuri Lynk, chez Canaccord. Les résultats montrent de l’amélioration, ajoute Mark Neville, de la Scotia. « Ça met la table pour une forte performance des services d’ingénierie l’an prochain », croit Derek Spronck, chez RBC. « La reconstruction est commencée », souligne de son côté Benoit Poirier, chez Desjardins.

Réaction de la Caisse

Plus important actionnaire de SNC, la Caisse de dépôt et placement a réagi à la confirmation d’Ian Edwards au poste de PDG. « Nous appuyons sa nomination. Depuis qu’il a pris la direction de la société il y a quelques mois, il a clairement mis l’accent sur les défis d’exécution. C’est un bon point de départ pour le travail qu’il reste à faire », commente Maxime Chagnon, chef des relations médias à la Caisse de dépôt. Ian Edwards était président et chef de la direction par intérim depuis le 11 juin. Il a mené un examen stratégique qui a débouché sur la décision de l’été dernier d’abandonner le modèle des contrats clés en main à prix forfaitaire.

PHOTO RYAN REMIORZ, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Ian Edwards, PDG de SNC-Lavalin

Pas d’accord judiciaire en vue

Dans la foulée de la réélection des libéraux, le PDG de SNC-Lavalin ne s’attend pas à ce que l’entreprise obtienne un accord de réparation relativement aux accusations de fraude et de corruption déposées il y a quatre ans par la GRC pour des gestes commis en Libye entre 2001 et 2011. « Nous restons en quelque sorte concentrés sur notre défense dans le cadre d’un processus judiciaire », a dit Ian Edwards durant la téléconférence organisée en marge de la diffusion des résultats financiers. « Évidemment, s’il devait y avoir une occasion de régler ça d’une autre manière, on serait ouverts, mais on ne s’y attend pas. »

Progrès « encourageants »

« Nous sommes résolus à produire des résultats constants. Les décisions prises en juillet de nous retirer du modèle des contrats de construction clés en main à prix forfaitaire et de réorganiser l’entreprise dans le but de nous concentrer sur nos activités de services d’ingénierie à haut rendement portent leurs fruits et les progrès réalisés sont encourageants », a dit le PDG Ian Edwards en expliquant comment SNC-Lavalin entend donner suite à sa nouvelle direction stratégique.

— Avec La Presse canadienne