L’opposition péquiste demande au gouvernement Legault d’abandonner le terrain agricole de Beauharnois maintenant qu’il connaît l’existence d’un terrain industriel à Salaberry-de-Valleyfield capable d’accueillir les serveurs informatiques de Google.

« J’aimerais que le gouvernement abandonne le site en zone agricole déjà identifié et que le gouvernement se rende aux arguments de la Ville de Valleyfield, a dit Pascal Bérubé, chef intérimaire du Parti québécois, dans un entretien avec La Presse. Je suis solidaire du maire de Valleyfield. La Ville est en mesure d’aménager son territoire selon ses valeurs et ses besoins. Je suis convaincu que la Ville a fait une analyse diligente pour servir l’entreprise [Google]. »

« J’aimerais que le gouvernement réponde à la Ville, qui nous indique qu’elle a un terrain, a poursuivi le député de Matane, que le gouvernement nous indique pourquoi il veut absolument le terrain identifié par Hydro-Québec [à Beauharnois] au lieu d’utiliser le terrain qui est souhaité par la Ville de Valleyfield. »

Le chef de l’opposition péquiste réagissait à notre article de jeudi dans lequel on apprenait qu’Hydro-Québec avait écarté de la liste des lieux susceptibles d’accueillir Google un vaste terrain industriel appartenant à la société Valdev, de Carmine Como, à Salaberry-de-Valleyfield.

>> (Re)lisez notre article « Hydro-Québec a écarté un terrain en zone blanche »

M. Bérubé avait questionné le premier ministre Legault à l’Assemblée nationale le 23 octobre. 

C’est sûr que, si demain matin on était capables de mettre la future usine sur un terrain qui n’est pas zoné agricole, bien, on l’aurait fait
depuis longtemps.

François Legault

Hydro n’a pas présenté le terrain de Valdev aux commissaires de la Commission de protection du territoire agricole ni au gouvernement du Québec, car elle le jugeait inadéquat pour diverses raisons. Celles-ci sont toutefois contestées par le maire de Salaberry-de-Valleyfield, Miguel Lemieux, et par M. Como.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

À l’arrière de l’entrepôt de l’entreprise Pélican à Salaberry-de-Valleyfield, un terrain appartenant à Valdev pourrait accueillir le centre de données de Google.

>> Situez le terrain de Salaberry-de-Valleyfield

Les rapports de presse ont désigné Google comme le client visé par Beauharnois et Hydro, mais l’information n’a jamais été confirmée par la société américaine ou par le gouvernement.

Dans une mêlée de presse, le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, a répété qu’il y aurait des mesures compensatoires pour la zone agricole si le gouvernement allait de l’avant avec le dézonage. « S’il devait y avoir un projet qui allait de l’avant, a-t-il évoqué, c’est certain qu’on va mettre autant d’énergie à mettre en place des mesures compensatoires qui vont faire en sorte qu’une fois qu’un projet comme ça pourrait avoir lieu, le territoire agricole n’en sortira pas fragilisé, mais j’ai espoir qu’il va en sortir renforcé. »

Dézonage controversé

C’est la Ville de Beauharnois qui a présenté une demande de dézonage du terrain de 94 hectares d’Hydro-Québec à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ). Cette dernière a rendu une orientation préliminaire négative dans le dossier le 6 décembre 2018.

En réaction, le gouvernement du Québec a retiré le dossier des mains de la CPTAQ en septembre dernier en ayant recours à une mesure d’exception, utilisée à seulement cinq reprises depuis 1978. En vertu de l’article 96, c’est le gouvernement qui accordera ou non l’exclusion du terrain convoité de la zone agricole.

>> Situez le terrain de Beauharnois

Cette décision politique a soulevé l’ire du monde agricole et de l’opposition à Québec, qui ont accusé le gouvernement de se soumettre aux diktats d’une multinationale sans se soucier de la pérennité de la zone agricole.

« Je demande au gouvernement de laisser la CPTAQ faire sa job, et le meilleur site possible va être trouvé et analysé », a dit Christian St-Jacques, président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie, en réaction à notre nouvelle de jeudi.

— Avec la collaboration de Daphné Cameron, La Presse