(Toronto) L’action de Torstar a plongé mercredi, après que la société a dévoilé une perte plus importante que prévu et suspendu son dividende trimestriel, mettant en branle un mécanisme qui pourrait modifier l’équilibre des pouvoirs entre les actionnaires de la société.

La société de médias a affiché une perte attribuable aux actionnaires de 40,9 millions et une baisse de 11,6 % de ses revenus pour le troisième trimestre.

Les actions de catégorie B de Torstar ont chuté à 53 cents — leur plus bas niveau depuis la fin des années 1990 — avant de prendre un peu de mieux et clôturer à 60 cents à la Bourse de Toronto, en baisse de 25 cents, soit 29,4 %.

Le propriétaire du quotidien Toronto Star et d’autres publications s’est employé à trouver de nouvelles sources de revenus pour contrebalancer la baisse des ventes de publicité imprimée et des revenus provenant de la distribution de circulaires, principalement en Ontario.

Le chef de la direction, John Boynton, a indiqué mercredi aux analystes que la décision de suspendre le dividende « était conforme à notre objectif actuel, qui consiste à préserver les liquidités et à renforcer notre situation financière tout en poursuivant notre transition. »

M. Boynton a précisé qu’il était difficile de prédire le rythme de cette transition, mais que la direction était toujours satisfaite des revenus des abonnés « qui représentent actuellement une partie importante et croissante de nos revenus ».

Les revenus des abonnés imprimés et numériques, provenant principalement du Toronto Star, ont représenté 30,2 millions, soit 27 % du total du troisième trimestre, comparativement à 29,6 millions ou 23 %, pour la même période en 2018.

Les revenus publicitaires numériques ont représenté 12 % des recettes totales du troisième trimestre au cours des deux années, mais sont passées de 15,1 millions pour le trimestre clos le 30 septembre 2018 à 13,9 millions pour le plus récent trimestre.

La suspension des paiements de dividendes déclenche un compte à rebours qui pourrait entraîner un changement de pouvoir entre les actionnaires, car les actions de catégorie B pourraient potentiellement obtenir des droits de vote au cours du deuxième semestre de 2021.

Les actions de catégorie A de Torstar, qui ont chacune un droit de vote, sont largement surpassées en nombre par les actions de catégorie B — qui obtiendraient un droit de vote chacune si le dividende devait ne pas être versé pendant huit trimestres consécutifs.

La quasi-totalité des actions de catégorie A est contrôlée par Torstar Voting Trust, présidé par John Honderich, qui est également le président du conseil d’administration de Torstar.

Le conseil prévoit de réévaluer la politique de dividende de Torstar au quatrième trimestre de 2020, a précisé l’éditeur.

« Ce que nous disons, c’est que, pour le moment, au moins jusqu’au quatrième trimestre de l’année prochaine, personne ne devrait s’attendre à recevoir un dividende », a précisé le directeur financier, Lorenzo DeMarchi.

« Ensuite, en fonction de la situation actuelle et de la solidité de notre situation financière, le conseil d’administration la réévaluera à nouveau », a-t-il affirmé. « Mais pas d’ici là. »

Torstar versait environ 2 millions par trimestre en dividendes pour ses actions de catégories A et B. Ce dividende a été réduit à deux reprises en 2016, à 2,5 cents par trimestre.

Torstar a affiché mercredi une perte de 50 cents par action pour le plus récent trimestre, ce qui se comparait à une perte de 18,8 millions, ou 23 cents par action, pour la même période l’an dernier.

Les revenus d’exploitation ont reculé à 111,8 millions, alors qu’ils avaient été de 126,4 millions l’an dernier.

Sur une base ajustée, Torstar a réalisé une perte de 21 cents par action au plus récent trimestre, comparativement à une perte ajustée de 22 cents par action pour l’an dernier.

Les analystes s’attendaient à un chiffre d’affaires de 112 millions et à une perte ajustée de 15 cents par action, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

Torstar détient un investissement dans La Presse canadienne dans le cadre d’une entente conjointe avec une division du Globe and Mail et du quotidien montréalais La Presse.