(Paris) Affecté par des retards et de mauvaises performances, l’éditeur français de jeux vidéo Ubisoft a dégagé un bénéfice net tout juste positif au premier semestre de son exercice décalé 2019-2020, à 909 000 euros (1,3 million $), sur un chiffre d’affaires en baisse de 9,1 % à 697,5 millions d’euros, a-t-il annoncé mercredi.

Le bénéfice s’est écroulé de 140 millions d’euros en un an, dont 1,5 million est imputable à un changement de norme comptable. Les réservations nettes correspondant au chiffre d’affaires historique du groupe subissent une chute de 11,4 % sur le semestre qui ralentit à 4,9 % sur le deuxième trimestre, à 347 millions d’euros, en ligne avec les attentes des analystes et supérieur aux objectifs d’Ubisoft.

Le groupe a confirmé dans un communiqué des objectifs revus drastiquement à la baisse la semaine dernière en raison du retard pris sur le développement de plusieurs titres majeurs et de ventes décevantes, notamment du dernier opus de sa célèbre franchise Ghost Reckon nommé Break Point et « dans une moindre mesure » du titre The Division 2.

L’éditeur avait notamment pris la décision de retarder trois de ses principaux titres, dont la sortie était initialement prévue avant la fin de cet exercice : Gods & Monsters, Rainbox Six Quarantine et Watch Dogs Legion.

« Ces résultats illustrent la résistance et la solidité du modèle » d’Ubisoft, a expliqué à l’AFP Charles-Louis Planade, analyste jeu vidéo chez Midcap Partners. L’éditeur reste dans le vert alors qu’il « n’a quasiment sorti aucun jeu sur le semestre », continue-t-il.

Selon l’analyste, l’exercice suivant 2020-2021 profitera du décalage de trois jeux « déjà terminés » et qui n’« ont plus besoin que d’ajustement. » Généralement, les jeux décalés ne ratent pas, le niveau de risque est très faible et l’année prochaine va être une super année, analyse-t-il tout en s’interrogeant sur un « manque de confiance » des dirigeants dans la capacité à susciter de la croissance lors de l’exercice 2021-2022.

Parmi les points positifs sur le semestre écoulé, Ubisoft note une progression de 18,3 % de « l’investissement récurrent des joueurs » (PRI) qui représente désormais près de la moitié (46,9 %) des réservations nettes. Rentables, ces ventes d’objets virtuels ou abonnements sont en progression pour le dernier opus de la saga Assassin’s Creed et pour le titre Rainbow Six Siege.

« L’arrivée de la prochaine génération de consoles, l’ouverture du marché asiatique et le lancement avec Tencent de nos franchises sur mobile sont de puissants leviers de croissance à moyen terme », a déclaré le PDG Yves Guillemot, cité dans le communiqué.

« Nous sommes en train de changer notre organisation pour réagir aux derniers problèmes sur Ghost Recon Break Point », a-t-il assuré lors d’une conférence avec des analystes.

Au troisième trimestre, le groupe attend des réservations nettes autour de 410 millions d’euros, en baisse de 32 % sur un an.