(Montréal) N’ayant toujours pas complété le montage financier de son projet de mine et d’usine de transformation de lithium, Nemaska Lithium élimine environ la moitié de son effectif, en plus de réduire la cadence de ses activités.

L’entreprise de 130 employés a annoncé mardi 64 licenciements, justifiant cette « décision difficile » par l’obligation d’utiliser ses liquidités de façon optimale afin de pouvoir assurer « la continuité du projet ».

« Alors que nous ne pouvons confirmer l’échéancier de reprise des travaux de construction, et bien que les négociations avec Pallinghurst évoluent bien, il s’agit de la décision responsable à prendre », a souligné son président et chef de la direction, Guy Bourassa, par voie de communiqué.

Ces mauvaises nouvelles ont une fois de plus été mal accueillies par les investisseurs. À la Bourse de Toronto, mardi, en milieu de séance, l’action de la société abandonnait 25,5 %, ou six cents, pour se négocier à 17,5 cents.

Nemaska Lithium souhaite transformer, dans une usine électrochimique à Shawinigan, du minerai de spodumène extrait de la mine Whabouchi — à quelque 300 kilomètres au nord de Chibougamau — en sels de lithium à valeur ajoutée. Ces derniers seraient ensuite vendus à des fabricants de matériaux de cathodes destinés aux batteries rechargeables au lithium-ion.

La société a prolongé de la mi-octobre jusqu’au 31 décembre l’échéancier de ses négociations avec Pallinghurst, un groupe londonien, dans l’espoir de boucler un financement pouvant atteindre jusqu’à 600 millions.

Si elle a réitéré son optimisme entourant les pourparlers entre les deux parties, Nemaska Lithium a néanmoins fait valoir qu’à l’heure actuelle, il était difficile d’avoir une idée plus claire du temps qu’il faudra pour mener le projet à terme.

Elle a ainsi décidé de procéder à « une mise à l’arrêt complète » de son usine de démonstration de Shawinigan à la fin décembre, inaugurée à l’hiver 2017, ce qui était prévu, a fait savoir sa porte-parole, Gabrielle Tellier. La mine de Whabouchi sera également mise en hibernation.

« Une fois le financement complété, nous serons en mesure d’avoir une meilleure visibilité sur la reprise plus soutenue de nos activités et sur le calendrier d’exécution du projet », a indiqué le président de Nemaska Lithium.

Initialement estimé à 1,1 milliard en 2018, le projet a été marqué par les dépassements de coût, ce qui a forcé la compagnie à trouver plus d’argent en plus d’interrompre la construction de son usine de Shawinigan.

Québec est le plus important actionnaire de l’entreprise, ayant injecté 130 millions dans l’aventure en échange d’une participation d’environ 13 % par l’entremise d’Investissement Québec (IQ), son bras financier.

En conférence téléphonique en compagnie du cofondateur de la firme britannique, Arne Frandsen, la semaine dernière, la direction de Nemaska Lithium avait estimé que les 138 millions dans ses coffres étaient suffisants pour se rendre en 2020.

Parallèlement à ses négociations avec Pallinghurst, Nemaska Lithium est toujours impliquée dans un litige judiciaire avec des créanciers obligataires qui détiennent des obligations de 350 millions, puisqu’elle souhaite rembourser ces derniers, ce qui mettrait ainsi fin à leur contrat.

Cela obligera également l’entreprise à trouver cette somme ailleurs.