(Montréal) L’effondrement du géant du voyage Thomas Cook, qui a cessé la quasi-totalité de ses activités, lundi, pourrait donner des maux de tête à Transat A. T. en raison de la fin abrupte d’un partenariat qui venait de débuter.

La société mère d’Air Transat en était à la deuxième année d’une entente échelonnée sur sept ans prévoyant l’échange d’appareils, sur une base saisonnière, avec cette société britannique fondée en 1841.

En vertu de l’entente annoncée en octobre 2017, Thomas Cook devait prêter au moins sept Airbus A321 de 199 sièges au voyagiste québécois pour l’aider à assurer des liaisons sur les destinations soleil lors de la période hivernale. Transat A. T. devait pour sa part offrir un gros porteur A330.

« Le partenariat avec Thomas Cook est mort, a indiqué le porte-parole de Transat A. T, Christophe Hennebelle, au cours d’un entretien téléphonique. On est en train de travailler pour pouvoir recevoir les avions. Nous sommes confiants, mais il y a du travail à faire. »

Selon Transat A. T., qui devrait passer dans le giron d’Air Canada l’an prochain, les premiers A321 prêtés par Thomas Cook devaient entrer en service au début du mois de novembre jusqu’à la période des Fêtes.

Néanmoins, le voyagiste travaille déjà sur des plans de contingence et n’écarte pas la possibilité de louer des appareils ailleurs.

« Nous n’attendons pas à la dernière minute, a précisé M. Hennebelle. On travaille pour recevoir les avions (de Thomas Cook) et on envisage d’autres plans pour s’assurer que les horaires soient respectés. »

La flotte permanente de Transat A. T. compte 37 avions, mais sa taille peut atteindre une cinquantaine d’appareils à certaines périodes, lorsqu’on tient compte, par exemple, des prêts.

Interrogé quant à savoir si cette situation pourrait avoir un impact financier négatif sur les résultats du voyagiste établi à Montréal, son porte-parole a répondu qu’il était trop tôt, à ce stade-ci, pour se prononcer.

En octobre dernier, Jean-François Lemay, qui dirigeait alors Air Transat — son départ avait été annoncé en novembre — avait ouvert la porte à un élargissement du partenariat entre les deux voyagistes. À l’occasion d’une entrevue accordée à l’agence Reuters, celui-ci avait évoqué notamment une mise en commun des réseaux de chacune des compagnies, ce qui ne se concrétisera pas.

Un casse-tête

Quelque 600 000 voyageurs se retrouvent coincés un peu partout dans le monde en raison de la débâcle de Thomas Cook. Les avions de quatre de ses cinq compagnies aériennes sont cloués au sol et près de 21 000 personnes ont perdu leur emploi.

La fin des activités de cette entreprise ayant vu le jour il y a 178 ans et qui a contribué à la création de l’industrie du voyage à forfait risque d’avoir des effets considérables sur l’ensemble de l’industrie touristique européenne et nord-africaine, notamment.

Nasim Lalji, qui réside à Brampton, en Ontario, devait monter à bord d’un avion de Thomas Cook depuis Londres avec son époux la semaine prochaine pour s’envoler vers la Turquie. Le couple, qui a payé 307 $ pour chaque billet, s’est fait promettre un remboursement et tentait d’effectuer une nouvelle réservation avec une autre compagnie aérienne lundi.

« Mais cela nous coûtera beaucoup plus que le prix initial », a dit Mme Lalji, au cours d’un entretien téléphonique.

Un billet à destination de l’aéroport de Dalaman depuis Londres coûtait moins de 500 $ en début de journée, mais rapidement, le prix est passé à plus de 600 $, a-t-elle souligné.

Affaires mondiales Canada a souligné que les citoyens canadiens ayant besoin d’une aide consulaire devraient contacter le centre de surveillance et d’intervention d’urgence situé à Ottawa.

« À l’heure actuelle, aucun citoyen canadien n’a été touché par l’effondrement de Thomas Cook », a-t-on fait savoir, par courriel.

Peu présent

Si Thomas Cook offrait des forfaits à destination du Canada aux touristes européens sur son site web, la présence de la multinationale est néanmoins assez limitée au Canada. En 2006, Transat A. T. avait acheté le réseau d’agences de voyage Thomas Cook Travel Limited afin de consolider sa présence en Ontario ainsi que dans l’ouest du pays.

Condor, filiale allemande du voyagiste britannique, offre notamment des vols saisonniers depuis Francfort vers Toronto, Vancouver, Calgary, Halifax et Whitehorse. L’entreprise a demandé l’aide du gouvernement allemand dans l’espoir de poursuivre ses activités.

« Il y a amplement de choix ici pour ne pas avoir besoin de faire affaires avec des voyagistes européens », a expliqué Marianne Cadieux-Laurin, chez Club Voyages Repentigny, qui a tempéré l’effet de la situation chez Thomas Cook pour les voyageurs canadiens.

Selon elle, il n’est pas « impossible » de se tourner vers ces compagnies, mais cela est « peu commun ».

Robert Kokonis, président de la société de conseil torontoise AirTrav, croit lui aussi que la fin de Thomas Cook ne devrait pas avoir une incidence majeure au Canada.

« Il n’y aurait qu’un avantage (pour Air Canada) si Condor cesse ses activités, a-t-il dit. Ce transporteur n’a pas une grande capacité au pays. L’impact serait assez limité. »

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Thomas Cook en chiffres :

— 22 millions de clients par année

— 21 000 employés, dont 9000 au Royaume-Uni

— 105 avions

— 11,8 milliards US de revenus en 2018.

(Source : The Associated Press)