(Montréal) Les deux plus grandes compagnies aériennes au pays empruntent des voies différentes pour gérer leurs Boeing 737 Max 8 cloués au sol à un moment où l’interdiction de vol toujours en vigueur pour cet appareil provoque des turbulences dans l’industrie.

Air Canada envisage d’envoyer ses vingt-quatre 737 Max 8 dans le désert, où la chaleur et le climat sec préviennent la corrosion provoquée par la pluie, la neige, le grésil et la glace.

« Étant raison de l’incertitude entourant les approbations réglementaires requises pour la remise en service du Boeing 737 Max, nous continuons de mettre à jour nos plans, y compris en ce qui concerne les avions 737 Max de notre flotte, a indiqué la porte-parole d’Air Canada, Angela Mah, par courriel. Une option envisagée est la relocalisation des avions dans le désert. »

En Amérique du Nord, la plupart des sites sont situés dans le sud-ouest des États-Unis. Southwest Airlines, qui compte trente-quatre 737 Max dans sa flotte, a opté pour le désert de Mojave en Californie.

WestJet a plutôt décidé de garer ses 13 Max 8 dans ses hangars canadiens, où ils font régulièrement l’objet de vérifications de maintenance en plus de faire tourner leurs moteurs une fois par semaine.

Ces plans de contingence imprévus constituent un autre inconvénient pour les compagnies aériennes, à qui Boeing donne du fil à retordre puisque le 737 Max est cloué au sol à la suite des deux écrasements tragiques survenus en octobre ainsi qu’en mars et qui ont coûté la vie à 346 personnes, dont 18 Canadiens.

Le président et chef de la direction d’Air Canada, Calin Rovinescu, avait déclaré, le mois dernier, que le transporteur était affecté par cet « enjeu complexe », qui a un impact négatif sur sa capacité à transporter de passagers en plus de faire grimper ses coûts. Les vingt-quatre 737 Max représentent environ 20 % de la flotte d’appareils à fuselage étroit d’Air Canada et devraient en moyenne transporter quotidiennement environ 11 000 passagers.

Pour sa part, le chef de la direction de WestJet, Ed Sims, a récemment déclaré à La Presse canadienne, au cours d’une entrevue, que la situation actuelle avait eu un « impact négatif important » sur les activités de l’entreprise, obligeant celle-ci à réduire son nombre de liaisons et à augmenter ses dépenses en carburant.

Sunwing, qui compte quatre 737 Max 8 dans sa flotte, a fait savoir, jeudi, qu’elle sera privée de cet appareil au moins jusqu’à la mi-mai 2020. Cela oblige notamment l’entreprise à annuler ou à modifier les vols des passagers. Vendredi, l’entreprise n’avait pas répondu aux questions concernant la gestion de ses appareils cloués au sol.

Au cours d’un entretien téléphonique, Robert Kokonis, président de la société de conseil torontoise AirTrav, a souligné qu’il y avait des inconvénients en matière de coûts pour déplacer des avions vers des endroits très éloignés.

« Vous allez devoir (faire voler l’avion sans passagers), a-t-il dit. Vous allez payer pour garer l’avion. Et puis, quand il sera prêt à être ramené, vous devez envoyer une équipe et la préparer à reprendre l’avion, avec un vol pour revenir à la case départ. »