Cinq mois seulement après l’inscription en Bourse de Lightspeed, ses principaux actionnaires et dirigeants vendent pour près de 200 millions de dollars d’actions.

Ce montant est presque égal au produit de 276 millions récolté par l’entreprise montréalaise, lors de sa première émission publique d’actions en mars, qui avait suscité de vives attentes.

En début de semaine, l’action du spécialiste des logiciels de commerce électronique pour détaillants et restaurateurs a frôlé la barre des 50 $ à la Bourse de Toronto. Le titre a donc été multiplié par trois par rapport à son prix initial fixé à 16 $ au début du mois de mars.

L’annonce lundi soir qu’une douzaine de dirigeants et deux actionnaires institutionnels (la Caisse de dépôt et la firme québécoise de capital de risque iNovia) s’apprêtaient à vendre un important bloc d’actions a brusquement freiné l’envolée du titre.

Hier, les investisseurs ont appris que les « initiés-vendeurs » s’étaient entendus avec un groupe de banquiers pour leur céder un total de 5,4 millions d’actions au prix de 35 $ par action (33,60 $ si l’on exclut la commission de 1,40 $ par action versée aux banquiers chargés de revendre les actions sur le marché).

« Il fallait s’entendre [avec les banquiers/preneurs fermes] sur un prix qui leur permettra de faire de l’argent dans le futur », commente Chris Arsenault, associé principal chez iNovia.

L’action de Lightspeed a reculé jusqu’à 36,16 $ durant la séance d’hier avant de rebondir pour finalement clôturer à 39,53 $.

40 millions pour le fondateur

L’escompte accordé lors de l’opération de vente impliquant les dirigeants et principaux actionnaires de Lightspeed n’est pas inhabituel. L’été dernier, par exemple, un escompte similaire en pourcentage avait été accordé lors de la vente d’un gros bloc d’actions de Stella-Jones par les principaux actionnaires et associés fondateurs de cette entreprise montréalaise.

Néanmoins, le fondateur et chef de la direction de Lightspeed, Dax Dasilva, encaisse une quarantaine de millions en vendant des actions. Le président de Lightspeed, Jean-Paul Chauvet, empoche 9 millions, alors qu’une dizaine d’autres dirigeants de l’entreprise se partagent quelque 5 millions.

La Caisse de dépôt et placement du Québec récolte de son côté environ 75 millions, alors qu’iNovia touche une cinquantaine de millions.

« Nous conservons une participation minoritaire [inférieure à 10 %] et continuons de croire en la compagnie à très long terme », dit Chris Arsenault, d’iNovia. « C’est d’ailleurs pourquoi Patrick Pichette [associé chez iNovia] est membre du conseil d’administration de Lightspeed. »

Les titres vendus ne constituent qu’une petite portion des actions possédées par les principaux dirigeants et actionnaires. Dax Dasilva et la Caisse conservent leur emprise sur Lightspeed. Ils continueront de détenir ensemble plus de 50 % des votes.

Nouvelle émission annulée

Lightspeed avait l’intention de profiter de la poussée extraordinaire du titre pour ajouter plusieurs dizaines de millions de dollars dans ses coffres en émettant de nouvelles actions aux côtés des initiés-vendeurs. Toutefois, en raison de la « conjoncture du marché », l’entreprise a renoncé à l’idée d’émettre 1,2 million de nouvelles actions.

Le modèle d’affaires de Lightspeed repose sur les acquisitions et la croissance interne. Pour alimenter la croissance organique, la direction tente d’attirer de nouveaux marchands dans plus de marchés qui adopteront plus d’une solution offerte par l’entreprise.

Les produits de Lightspeed sont utilisés dans 51 000 emplacements clients dans une centaine de pays alors que le marché potentiel serait de 47 millions d’emplacements clients. Au cours de son dernier exercice financier, l’entreprise a généré un chiffre d’affaires de 77 millions US, mais une perte nette de 183 millions US.