Air Canada a augmenté de façon importante sa mise pour acheter Transat, dimanche, dans l’espoir de couper court aux tentatives du Groupe Mach pour faire échouer la transaction.

Le trouble-fête se réjouit de cette surenchère, mais refuse de jeter immédiatement l’éponge.

Le transporteur aérien national a annoncé qu’il offrait 18 $ par action de Transat, contre 13 $ jusqu’à présent. Son offre globale bondit donc de 520 à 720 millions. Un gain énorme pour les actionnaires de l’entreprise.

« Nous avons accepté d’augmenter considérablement notre prix pour nous assurer que la transaction obtienne le soutien nécessaire à l’assemblée extraordinaire des actionnaires de Transat », a affirmé Calin Rovinescu, grand patron d’Air Canada, par communiqué. Une transaction amènerait « le meilleur résultat possible pour toutes les parties prenantes ».

En haussant son offre, M. Rovinescu s’est assuré de l’appui du plus gros actionnaire de Transat, la firme d’investissement Letko Brosseau. L’entreprise, qui contrôle 19,3 % des titres du transporteur québécois, « a convenu de soutenir l’acquisition de Transat par Air Canada » et de voter en faveur de celle-ci à l’assemblée du 23 août, indique Air Canada.

Nous sommes très heureux de la stabilité supplémentaire qu’entraîne l’augmentation de l’offre d’Air Canada.

Jean-Marc Eustache, patron d’Air Transat, dans le même communiqué

L’action valait 11,79 $ à la fermeture des marchés, vendredi, pour une capitalisation boursière de 445 millions.

« Un C.A. incompétent », attaque Chiara

Depuis plusieurs semaines, Groupe Mach joue les trouble-fêtes dans le processus d’achat de Transat par Air Canada.

Dimanche, son président réfléchissait à la suite à donner à ce retournement.

« Est-ce que c’est game over ? Je ne sais pas, je dois réfléchir à mon prochain move », a confié l’homme d’affaires Vincent Chiara à La Presse.

Sans l’intervention de son entreprise, fait-il valoir, les actionnaires de Transat auraient été « floués » de 200 millions de dollars par un conseil d’administration qu’il critique sévèrement.

Dans un scénario où Groupe Mach ne s’était pas interposé, « Air Canada s’en sort à 13 $ et les actionnaires perdent 200 millions. Je ne blâme pas Air Canada, ils ont presque réussi à l’avoir à cause d’un conseil d’administration incompétent, a dit M. Chiara en entrevue. Ils pensaient à quoi quand ils ont accepté 13 $ ? »

Avant même cette dernière attaque, les administrateurs de Transat s’en étaient pris à Groupe Mach dans le communiqué qui annonçait la surenchère d’Air Canada.

« Le conseil d’administration de Transat réitère qu’il exhorte les actionnaires à REJETER le stratagème hautement abusif, coercitif, trompeur et conditionnel de Groupe Mach, a écrit le conseil. EN VOTANT POUR L’ARRANGEMENT, VOUS REJETTEREZ LE STRATAGÈME DU GROUPE MACH. »

En attente d’une décision

L’entreprise du promoteur immobilier Vincent Chiara a d’abord fait une offre afin d’acquérir le transporteur pour 14 $ par action (avec un groupe espagnol et une aide du gouvernement du Québec), avant d’effectuer d’autres tentatives pour bloquer la transaction.

Jeudi, l’Autorité des marchés financiers (AMF) s’est opposée à la dernière stratégie de Groupe Mach devant le Tribunal administratif des marchés financiers : la firme proposait de racheter 19,5 % des actions de Transat à 14 $ chacune afin d’empêcher Air Canada d’acquérir l’entreprise. Carl Souquet, l’avocat qui représentait le régulateur, a plaidé que l’offre constituait une « conduite abusive » ou un « appât ». Le tribunal doit se prononcer sur cette offre à court terme.

Selon M. Chiara, cette offre partielle déposée le 2 août dernier recueillait « beaucoup de traction ». Le Tribunal administratif des marchés financiers tardait à trancher sur sa légalité, alors que les parties l’attendaient vendredi.

Combinés, ces deux facteurs auraient poussé Air Canada à surenchérir, estime M. Chiara.