(New York) La compagnie aérienne Southwest a annoncé jeudi qu’elle ne ferait plus voler de Boeing 737 MAX cette année, infligeant un nouveau coup dur à cet avion phare de l’avionneur américain cloué au sol depuis plus de quatre mois.

« Nous avons décidé de façon proactive de prolonger les ajustements du calendrier de vol du MAX jusqu’au 5 janvier afin de rendre nos opérations plus fiables pour les clients lors de leurs réservations de vols de l’automne et des vacances de fin d’année », a justifié Southwest, dans un communiqué.

Le transporteur américain, qui est le plus gros client de cet avion avec 34 exemplaires dans sa flotte, devient ainsi la première compagnie aérienne à officiellement indiquer que ses Boeing 737 MAX ne revoleront plus cette année.

L’annulation des vols jusqu’au 5 janvier intervient quelques jours seulement après que Southwest eut indiqué que ceux-ci seraient annulés jusqu’au 2 novembre.

C’est un revers pour Boeing, qui a multiplié les déclarations ces derniers jours disant anticiper un retour en service au début du quatrième trimestre, c’est-à-dire en octobre.

Le constructeur aéronautique prévoit de soumettre en septembre pour homologation les modifications du système anti-décrochage MCAS, mis en cause dans les accidents des 737 MAX d’Ethiopian Airlines en mars (157 morts) et de Lion Air en octobre dernier (189 morts).

Les mises à jour sur la formation nécessaire pour les pilotes feront également partie du paquet de changements que les régulateurs aériens à travers le monde, notamment l’agence fédérale de l’aviation (FAA), vont examiner.

Suspension des vols à Newark

Signe de l’ampleur des dégâts causés par la crise du MAX aux compagnies aériennes : Southwest a décidé de suspendre ses opérations à l’aéroport de Newark (New Jersey, est) et explique que ses vols de et vers Hawaii sont complètement perturbés – retards, absence d’appareils.

« Nous allons cesser les opérations à l’aéroport international de Newark et renforcer notre présence à l’aéroport de LaGuardia à New York, et ce à compter du 3 novembre », a déclaré Southwest.

Outre la déprogrammation de milliers de vols, les compagnies aériennes opérant le MAX ont dû trouver en urgence des appareils pour remplacer les MAX, changer les emplois du temps des personnels navigants et trouver des sièges dans d’autres vols ou auprès d’autres compagnies aux clients ayant effectué des réservations sur des MAX.

Les capacités (sièges disponibles) de Southwest en ont pâti et devraient baisser de 1 à 2 % cette année contre une hausse de 5 % prévue jusqu’alors, tandis qu’American Airlines n’anticipe plus qu’une croissance de 1,5 %, soit la moitié de son objectif initial.

Au final, la facture devrait exploser.

American Airlines a rehaussé à 400 millions de dollars le coût total des difficultés du 737 MAX dans ses comptes pour 2019, contre 350 millions de dollars auparavant.

Au deuxième trimestre, le coût pour le transporteur, qui a annulé tous ses vols sur ses 24 MAX jusqu’au 2 novembre, a été de 175 millions de dollars, idem pour Southwest.

Boeing a inscrit mercredi une charge de 5,6 milliards de dollars dans ses comptes du deuxième trimestre pour indemniser les compagnies aériennes affectées par la crise du MAX.

Les compensations se feront au cas par cas et prendront plusieurs formes, ont précisé les dirigeants du constructeur aéronautique lors d’une conférence téléphonique.

Rabais sur de futurs contrats, offres de services de maintenance et de formation du personnel sont par exemple des moyens d’indemnisation envisagés, selon les analystes.

« Nous avons eu des discussions préliminaires avec Boeing au sujet des compensations pour les dommages causés par l’immobilisation au sol du MAX (mais) nous n’avons pas encore trouvé d’accord », explique Gary Kelly, le PDG de Southwest.

La compagnie aérienne a averti que son estimation de retour en service du MAX pourrait changer, car la décision de lever l’interdiction de vol échoit à l’agence fédérale de l’aviation (FAA) même si Boeing a parlé de début du quatrième trimestre 2019.

Quelle que soit la date de levée de l’interdiction de vol, « nous estimons qu’il nous faudra de un à deux mois pour se conformer aux directives de la FAA, dont la formation nécessaire des pilotes », ajoute Southwest.