(New York) Bank of America a annoncé mercredi un bénéfice trimestriel record, mais prévenu que la prochaine baisse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale risquait de rogner sérieusement ses marges.

La deuxième banque américaine en termes d’actifs a dégagé un bénéfice net trimestriel de 7,1 milliards de dollars, en hausse de 11 % sur un an, un record, ce qui s’est traduit par un bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du Nord, de 74 cents contre 71 cents attendus en moyenne par les analystes.

Les profits ont été alimentés par les activités classiques de prêts aux ménages et aux PME et des enregistrements de dépôts bancaires, actuellement en forme du fait de la solidité de l’économie américaine.

La division de banque de détail représente ainsi à elle seule plus de 46 % (3,3 milliards de dollars) du bénéfice trimestriel de la banque de Charlotte (Caroline du Nord).

Les crédits octroyés y ont augmenté de 6 %, et les dépôts de 3 %, ce qui a entraîné une hausse de trois points de base de la marge d’intérêt net à 2,44 %.

« Nous avons observé une forte activité des consommateurs, ce qui s’est matérialisé par une hausse de 5 % des dépenses des clients de Bank of America comparé au deuxième trimestre de l’an dernier », a souligné le PDG Brian Moynihan, cité dans le communiqué.

La firme a toutefois prévenu que la baisse imminente des taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) allait rogner ses marges.

La marge d’intérêt net, soit la différence entre ce que la banque gagne sur les prêts et ce qu’elle verse aux épargnants, ne devrait augmenter que de 1 % en 2019 si la Fed abaissait ses taux par deux fois, a indiqué le directeur financier Paul Donofrio, lors d’une conférence téléphonique d’analyse des résultats. En avril, BofA tablait sur une hausse de 3 %. Au deuxième trimestre, ce bénéfice a augmenté de 3 %.

JPMorgan Chase et Wells Fargo, deux des rivales de BofA, ont elles aussi envoyé des signaux négatifs similaires mardi aux marchés.

L’action hésite

À Wall Street, le titre hésitait : après avoir évolué dans le rouge, il progressait de 0,62 % vers 10 h 30.

Affecté par les activités de marchés – négoce des produits et titres financiers et conseils aux entreprises et grands investisseurs – le chiffre d’affaires trimestriel a néanmoins déçu.

Il a certes augmenté de 2,4 % à 23,1 milliards de dollars, mais c’est en dessous des 23,23 milliards escomptés.

Les recettes générées par le courtage ont diminué de 10 %, soit davantage que la prévision de 8 % annoncée précédemment par la firme.

Dans le détail, les courtiers responsables des produits liés aux obligations, matières premières et devises (FICC) ont vu les revenus de cette activité reculer de 8 %, tandis que ceux responsables du négoce de titres financiers accusent un déficit de 13 % de leurs recettes principalement à cause de faibles volumes d’activité dans la région Europe/Moyen-Orient (EMEA).

JPMorgan Chase, Citigroup, Wells Fargo et Goldman Sachs ont également indiqué, lors de la publication de leurs résultats trimestriels lundi et mardi, avoir observé une prudence similaire de la part des investisseurs.

Ces derniers sont refroidis par la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, les craintes de ralentissement économique mondial, la baisse imminente des taux d’intérêt aux États-Unis et les tensions géopolitiques.