(Washington) Le groupe américain de produits pharmaceutiques et d’hygiènes Johnson & Johnson, confronté à la concurrence des génériques et sous le feu d’accusations devant la justice, a revu ses prévisions annuelles en hausse après un deuxième trimestre meilleur que prévu.

Pour la période avril-juin, le chiffre d’affaires s’est inscrit en baisse de 1,3 % pour tomber à 20,56 milliards de dollars, a-t-il annoncé dans un communiqué. Mais, c’est mieux que les 20,29 milliards escomptés par les analystes.

A contrario, le bénéfice net à 5,6 milliards de dollars est ressorti en forte hausse (+41,8 %).  

Ce résultat s’est traduit par un bénéfice net par action ajusté, référence en Amérique du Nord, de 2,08 dollars, inférieur aux 2,43 dollars attendus en moyenne par les marchés financiers.

Johnson & Johnson a en outre annoncé avoir revu en hausse ses attentes pour le chiffre d’affaires pour l’ensemble de l’année 2019.

Le groupe table désormais sur un chiffre d’affaires compris entre 80,8 et 81,6 milliards contre une fourchette de 80,4 à 81,2 milliards annoncée précédemment.

L’objectif de bénéfice par action reste lui inchangé, de 8,53 à 8,63 dollars.

« Nous avons enregistré une forte croissance des ventes au deuxième trimestre et des bénéfices, ce qui nous permet d’investir dans l’innovation pour accélérer les performances de chacun de nos secteurs », a commenté Alex Gorsky, le PDG du groupe, cité dans le communiqué.  

« Nos portefeuilles (de médicaments et produits) continuent de progresser avec le lancement de nouveaux produits et de plusieurs soumissions et approbations réglementaires, ce qui nous permet de fournir la prochaine vague de produits », a-t-il ajouté.

À Wall Street, le titre gagnait 0,30 % dans les échanges électroniques de pré-séance.

Grosse amende dans les opiacés ?

Face à la concurrence des génériques, le géant pharmaceutique accuse une baisse des ventes de certains de ses médicaments phares comme le Zytiga, traitement du cancer de la prostate qui a perdu la protection de son brevet l’automne dernier.

Afin de compenser, Johnson & Johnson s’efforce de lancer sur le marché de nouveaux médicaments, tel que l’eskétamine, nouvel antidépresseur présenté comme une révolution dans le traitement de la dépression et qui a obtenu début mars l’approbation de l’agence américaine du médicament (la FDA).

Cette molécule, qui sera commercialisée sous forme de vaporisateur nasal sous le nom de Spravato, doit soulager des patients adultes dont la dépression résiste aux molécules actuellement disponibles, comme le Prozac par exemple.

Johnson & Johnson, qui fabrique des produits cosmétiques comme la gamme Neutrogena ou Aveeno, fait également face à des milliers de poursuites en justice, notamment contre son talc pour bébé accusé d’être responsable du cancer de l’ovaire. Ce que réfute farouchement le groupe.

Il est aussi visé dans la crise des opiacés aux États-Unis : la justice lui reproche d’avoir, à partir de 1996-97, minimisé les risques de dépendance aux médicaments, le timbre Duragesic et les pilules Nucynta, et d’avoir poussé à « créer une demande » pour ce type d’antalgiques longtemps réservés aux personnes souffrant du cancer, afin de rester dans la course face à son concurrent Purdue Pharma et son Oxycontin.

Un procès s’est ouvert fin mai dans l’Oklahoma. Il doit durer deux mois et il pourrait coûter des milliards de dollars au groupe.