La décision de CannTrust Holdings d’interrompre volontairement toutes les ventes et les livraisons de ses produits de cannabis alors que se poursuit l’enquête de Santé Canada sur une culture illégale présumée dans l’une de ses installations a encore alimenté la forte baisse de son action, vendredi.

Le titre du producteur autorisé de Vaughan, en Ontario, a chuté de 70 cents, soit 17,3 %, à 3,34 $ à la Bourse de Toronto vendredi, en forte baisse par rapport à son cours de clôture de 6,46 $ de vendredi dernier — soit avant que la société dévoile l’ouverture d’une enquête de Santé Canada au sujet de sa serre en Ontario.

CannTrust a annoncé, tard jeudi, l’interruption volontaire de la vente et des livraisons de tous ses produits à base de cannabis « par mesure de précaution », alors que Santé Canada visite et examine ses installations de Vaughan.

« CannTrust travaille en étroite collaboration avec le régulateur tout au long du processus de révision et compte fournir de plus amples détails sur la durée de l’interruption et sur les autres développements à mesure qu’ils deviennent disponibles », a affirmé la société dans un communiqué.

Elle a ajouté avoir suspendu ses ventes de produits médicaux réalisées par l’entremise de sa ligne de service à la clientèle et en ligne depuis 23 h 59, mercredi.

CannTrust a annoncé lundi avoir été informé par Santé Canada qu’elle avait découvert que du cannabis avait été cultivé entre octobre 2018 et mars 2019 dans cinq salles de sa serre ontarienne qui n’avaient pas encore obtenu de permis. Les permis pour ces salles ont été délivrés en avril 2019.

En conséquence, Santé Canada a mis de côté environ 5200 kilogrammes de produits CannTrust de cette installation et le producteur autorisé a retenu volontairement 7500 kilogrammes supplémentaires de produits du cannabis, qui étaient également liés aux cinq salles.

Entre-temps, Nick Lalonde, un ancien employé de CannTrust, a affirmé avoir été invité à installer de faux murs et à dissimuler des plantes cultivées sans permis sur des photos soumises à Santé Canada.

Les accusations, d’abord rapportées par le « Globe and Mail », ont été répétées jeudi par M. Lalonde à La Presse canadienne.

« Nous les suspendions pour couvrir toutes ces plantes, des milliers de plantes […] et ensuite nous prenions ces photographies », a affirmé M. Lalonde, qui travaillait précédemment dans la serre de CannTrust dans la région de Niagara.

Il a ajouté que le superviseur avait indiqué que les photos étaient destinées à Santé Canada et que les murs dissimulaient la culture dans des pièces sans permis.

« C’est une entité gouvernementale […] je ne suis pas d’accord avec ça », dit avoir alors indiqué M. Lalonde, en ajoutant qu’il avait fait part de ses inquiétudes aux autorités réglementaires après avoir quitté l’entreprise, en mai.

Le chef de la direction de CannTrust, Peter Aceto, a indiqué que « des erreurs » avaient été commises et que l’entreprise procédait actuellement à un examen approfondi de la situation, avec l’aide de conseillers externes, afin de déterminer ce qui s’était passé.

Jeudi, il a également annoncé la mise sur pied d’un comité spécial indépendant du conseil d’administration de CannTrust chargé « d’enquêter sur cette affaire dans son intégralité ».

Plus tôt jeudi, le partenaire danois de CannTrust avait indiqué avoir augmenté la quantité de produits de CannTrust mis en quarantaine en attendant la fin de l’enquête de Santé Canada.

Stenocare a déclaré dans un communiqué avoir reçu des informations mises à jour de CannTrust selon lesquelles cinq lots des stocks de la société danoise provenaient des cinq salles sans permis et que ces produits avaient été mis en quarantaine pour destruction potentielle.

Les autorités ontarienne et albertaine du cannabis ont aussi retiré certains produits de CannTrust de la vente d’ici à ce que Santé Canada complète son enquête sur le producteur autorisé.