Si l'énorme fuite de renseignements personnels de 2,9 millions de membres des caisses Desjardins s'était passée aux États-Unis, les membres inquiets du risque d'usurpation de leur identité financière pourraient demander le gel de leur dossier de crédit auprès de firmes comme Equifax et TransUnion.

Les autorités financières américaines avaient même imposé la gratuité du service après l'énorme fuite de données personnelles survenue chez Equifax en 2017, qui concernait 143 millions de consommateurs aux États-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne.

Mais au Canada, le gel préventif de dossiers de crédit n'est pas offert par les firmes comme Equifax et TransUnion, même sur une base d'option tarifée.

Un service de gel des dossiers de crédit consiste à bloquer toute requête de consultation d'un dossier jusqu'à son autorisation directe par l'emprunteur concerné avec un mot de passe sécurisé. Il a démontré son utilité aux États-Unis, en procurant une protection accrue contre les fraudes d'identité pour les victimes de vol ou de fuite de renseignements personnels.

Cela pourrait être utile aux membres concernés de Desjardins, en surplus de la surveillance spéciale durant cinq ans déjà mise en place.

« La possibilité d'un gel de dossier de crédit n'a pas été abordée jusqu'à maintenant lors de nos discussions avec Equifax et TransUnion parce que ce service n'est pas offert au Canada actuellement, en raison de la législation », indique Jean-Benoit Turcotti, principal porte-parole médiatique de Desjardins dans le dossier de la fuite de renseignements personnels.

« Nos priorités pour le moment, c'est de surveiller qu'il n'y ait pas de hausse de la fraude parmi nos membres. Et de continuer de les informer que leurs avoirs et leurs transactions chez Desjardins sont protégés en cas de transactions irrégulières dans leurs comptes. »

- Jean-Benoit Turcotti, porte-parole de Desjardins

« Entre-temps, la protection qu'on leur propose avec Equifax, d'une durée de cinq ans, permettra de surveiller leur dossier de crédit en temps réel, avec des alertes au besoin », ajoute M. Turcotti.

À la direction canadienne d'Equifax, le porte-parole Tom Carroll indique que l'entreprise « [continue] d'étudier la possibilité d'implanter au Canada un service de verrouillage ou de "gel" des dossiers de crédit semblable à ce que les consommateurs américains ont la possibilité de faire depuis plusieurs années ».

Toutefois, le parcours législatif et réglementaire s'annonce encore long.

Pas à l'ordre du jour

« Avant de lancer adéquatement un service de gel de dossiers de crédit au Canada, nous voulons travailler en collaboration avec nos clients [les demandeurs de vérification de cote de crédit], les autorités gouvernementales, les regroupements d'affaires et les organisations de droits des consommateurs afin de bien comprendre leurs besoins et leurs préoccupations », a indiqué le porte-parole d'Equifax.

Du côté des autorités gouvernementales, aussi, la pertinence d'inciter ou de forcer les firmes comme Equifax et TransUnion à instaurer ici un service de gel des dossiers de crédit n'est pas à l'ordre du jour.

Au cabinet du ministre québécois des Finances, Eric Girard, on indique que « dans le suivi de la fuite de renseignements personnels chez Desjardins et des mesures de sécurité mises en place, [le gouvernement est] encore [concentré] sur le présent. [Il n'est] pas encore dans l'après ».

L'Autorité des marchés financiers et l'Office de la protection du consommateur n'ont pas non plus d'analyse en cours sur cette mesure. 

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