CannTrust Holdings a averti lundi qu’il pourrait connaître des pénuries de produits, Santé Canada ayant déterminé qu’une partie de sa culture de cannabis tirée d’une serre de la région de Niagara avait été cultivée dans des pièces non autorisées par l’organisme de réglementation.

Environ 5200 kilogrammes de cannabis séché, récoltés dans cinq salles pour lesquelles aucun permis n’avait été délivré, ont ainsi été immobilisés par Santé Canada, tandis que CannTrust a volontairement retenu 7200 kilogrammes de produits du cannabis, qui représentent la « majorité » de ses stocks, a indiqué le chef de la direction, Peter Aceto.

Les autres réserves disponibles de CannTrust représentent « plusieurs jours d’approvisionnement », a précisé M. Aceto dans une entrevue, soulignant que la société continuait à faire pousser, cultiver, récolter et vendre du cannabis.

La société a mis sur pied une équipe qui travaille à la recherche de cannabis pour combler les lacunes d’approvisionnement, tandis que des conseillers externes mènent un examen pour déterminer comment cela s’est produit, a ajouté M. Aceto.

« CannTrust reconnaît manifestement que des erreurs ont été commises dans cette histoire […] C’est une priorité pour nous de corriger ces erreurs, en particulier avec Santé Canada », a-t-il affirmé. « Nous avons mis en place un mécanisme très clair afin de renouer avec la conformité le plus rapidement possible. »

L’action de CannTrust a chuté lundi de plus de 22 % après que Santé Canada a annoncé avoir déterminé que des installations du producteur de cannabis à Pelham, en Ontario, ne respectaient pas certains règlements.

Le titre a plongé de 1,46 $, soit 22,5 %, pour clôturer à 5,00 $ à la Bourse de Toronto.

CannTrust a précisé que la culture dans les salles non autorisées s’était déroulée d’octobre 2018 à mars 2019, alors que le producteur attendait une réponse à des demandes de permis déposées auprès de Santé Canada. Des permis ont été délivrés pour chacune des cinq salles en avril 2019.

Selon l’entreprise, l’avis de Santé Canada s’appuyait sur des observations faites par l’organisme de réglementation au sujet de la culture de cannabis dans les cinq salles, ainsi que sur des « informations inexactes » qui ont été fournies à l’agence.

M. Aceto a affirmé que Santé Canada était venu dans ses installations pour une inspection en juin, au cours de laquelle des informations inexactes avaient été fournies à l’organisme de réglementation. CannTrust a reçu le rapport d’inspection de Santé Canada le 3 juillet.

Il a précisé que ce qui s’était passé n’était pas clair pour l’instant, mais que CannTrust avait engagé une société externe pour effectuer une « analyse des causes profondes » et déterminer comment cela s’est produit.

Un employé qui travaillait à l’installation de la région de Niagara a été licencié, mais M. Aceto n’a pas précisé le rôle que cette personne a joué dans cette histoire.

Impact sur les résultats à venir

CannTrust a également indiqué lundi avoir informé volontairement Santé Canada de « problèmes pouvant affecter la conformité de ses installations de Vaughan en ce qui concerne le stockage des produits ».

La société a expliqué que l’impact de ces problèmes sur les résultats financiers de CannTrust serait inconnu jusqu’à ce que Santé Canada ait terminé les tests de qualité du produit retenu de sa serre de Pelham. Les résultats sont attendus dans 10 à 12 jours ouvrables.

Derek Dley, analyste chez Canaccord Genuity, a estimé que le non-respect de la réglementation aurait une incidence importante sur les résultats trimestriels à venir de CannTrust.

« Nous pensons qu’il est très probable que la société sera forcée de détruire le produit cultivé dans les locaux de culture non conformes », a-t-il affirmé dans une note adressée aux clients.

Toutefois, M. Dley a ajouté qu’il estimait qu’il s’agissait d’un « problème ponctuel » et que la société « travaillait avec diligence pour s’assurer qu’elle puisse remédier à la situation ».

Ryan Tomkins, analyste chez Jefferies, a calculé à court terme qu’il y aurait « sans aucun doute un impact financier ».

« Ils devront se rendre sur le marché libre pour combler l’écart de pénurie avec un faible pouvoir de négociation, ce qui signifie qu’ils pourraient devoir payer des prix gonflés ou prendre un produit de qualité inférieure, ce qui pourrait entraîner une perte de leur part de marché », a-t-il expliqué à ses clients.

À long terme, la crédibilité de CannTrust sera affectée, a ajouté M. Tomkins.

« Le fait que la société n’a jamais remarqué cela, ou qu’elle ne sait toujours pas comment cela s’est passé, est un sujet de préoccupation », a-t-il fait valoir.

« Pour nous, cela incitera les investisseurs institutionnels à réfléchir à deux fois et pourrait également compliquer la tâche de CannTrust pour attirer des partenariats de grande qualité » avec des entreprises de produits de consommation.