En difficultés financières depuis « trois-quatre ans », les magasins de meubles Maison Éthier fermeront leurs portes après 35 ans dans le paysage de la Montérégie. Mais la liquidation des stocks, qui commencera vendredi, pourrait permettre à l’entreprise de survivre. 

L’entreprise, qui exploite de vastes magasins à Saint-Basile-le-Grand ainsi qu’à Saint-Jean-sur-Richelieu, s’est placée à l’abri de ses créanciers en novembre.

Depuis, les affaires continuent, mais les ventes sont moins élevées que prévu. Résultat, les liquidités manquent pour rembourser le principal prêteur (Hitachi, créance de 3 millions), acquérir des stocks, notamment la marchandise réservée par les clients au moyen de dépôts.

À bout de souffle, Maison Éthier a conclu une entente avec Tiger Capital Group, de Toronto. Cette entreprise l’aidera financièrement à honorer ses engagements auprès des clients, l’assistera dans la liquidation de stocks et amènera dans les magasins « un inventaire spécial [de biens] neufs d’une valeur de plusieurs millions de dollars qui seront offerts à des prix de liquidation », tel qu’autorisé par la cour.

Cette vente de fermeture représente une occasion exceptionnelle pour les gens qui habitent la grande région de Montréal.

Tiger Capital Group, dans un communiqué publié hier

Selon le syndic au dossier, Stéphane De Broux, du bureau montréalais de KPMG, l’ajout par Tiger Capital Group de marchandise venue notamment des États-Unis rendra la grande liquidation beaucoup plus attrayante aux yeux des consommateurs. « Plus on a de succès, mieux c’est pour tout le monde », affirme-t-il.

Pourquoi ? Parce que l’idée est de relancer l’entreprise avec les fruits de la vente.

LE SCÉNARIO DE LA RENAISSANCE

« Après, on va évaluer où on est rendus. Quel est notre niveau d’endettement. Et si on a une formule pour relancer les magasins, ce qu’on aimerait bien, car on est des passionnés de commerce de détail. Cette vente-là va nous permettre de voir si les clients nous honorent encore de leur confiance ou s’ils ne sont plus intéressés par le nom Éthier », a expliqué au bout du fil le copropriétaire Sylvain Bonneau.

L’homme d’affaires précise que dans un monde idéal, il rouvrirait un magasin de plus petite taille, soit environ 50 000 pieds carrés, à Saint-Basile-le-Grand. Ces derniers mois, il a vendu les deux immeubles dans lesquels se trouvent ses magasins pour éponger ses dettes, et les baux finiront en avril 2020. Ils ne seront assurément pas renouvelés.

Le magasin de Saint-Basile-le-Grand s’étend sur 150 000 pieds carrés, tandis que celui de Saint-Jean-sur-Richelieu couvre 75 000 pieds carrés.

En parallèle de la vente, « on cherche un partenaire financier », indique Stéphane De Broux, selon qui le « scénario idéal » serait de « repartir l’entreprise sous une autre forme avec un partenaire stratégique ».

TOTALEMENT DÉMOLI

En 2016, Sylvain Bonneau et François Éthier avaient acquis Groupe Maison Éthier pour 19 millions de dollars. Ils avaient alors mis la main sur les parts de deux des trois frères Éthier, Serge et Michel. Le troisième, Pierre, est demeuré actionnaire à parts égales avec les deux nouveaux actionnaires (dont un est son fils).

Mais cette transition en partie familiale a néanmoins été difficile, notamment parce qu’elle était mal ficelée financièrement, avait indiqué KPMG à La Presse, en novembre dernier.

«  Les anciens propriétaires n’ont jamais été là une seconde. Ils n’ont pas été là pour nous aider. […] C’est extrêmement difficile sur les plans personnel et professionnel. J’ai appris à la vitesse grand V  », nous avait également confié Sylvain Bonneau, qui travaillait pour Maison Éthier comme directeur général avant la transaction.

Aujourd’hui, Sylvain Bonneau se dit « très déçu » par la tournure des événements. Et il affirme que Pierre Éthier est « totalement démoli » de voir que l’entreprise fondée par ses ascendants vivote. « C’est un drame humain. Le monde pleure. »

Les propos de certains internautes, qui « sont contents » du sort de Maison Éthier, « qui se moquent », ajoutent une couche de douleur à toute cette affaire, poursuit Sylvain Bonneau. « C’est difficile, car on a parrainé plein d’organismes, on a commandité tellement de jeunes, de sports, d’associations dans la région. […] Surtout qu’on annonce qu’on a trouvé une solution […] pour honorer nos ventes. »