Peu de clients de Bureau en gros savent que l’entreprise a changé de main il y a deux ans. Mais la transformation qu’entreprend le nouveau propriétaire dans l’espoir d’augmenter les profits ne passera pas inaperçue : décor modernisé, produits plus jolis, nouvelle gamme de services et conférences dans un cube de verre géant.

Il y avait un tapis rouge, jeudi, devant la porte du Bureau en gros sur le boulevard Le Corbusier, à Laval. Car c’était jour d’inauguration officielle du nouveau concept qui doit permettre au détaillant de retrouver le chemin de la croissance. Ces dernières années, « c’était la stabilité », a confié à La Presse le PDG des 18 derniers mois, David Boone, en nous faisant visiter le magasin.

Or, le fonds d’investissement privé new-yorkais Sycamore, qui possède le détaillant d’articles de bureau (appelé Staples dans les provinces anglophones), n’allait certainement pas se contenter du statu quo. Mais comment regagner la faveur des consommateurs avec des crayons, des ordinateurs et des chaises de bureau qu’on peut trouver dans une foule d’autres commerces ?

Changer la couleur des murs et la hauteur des rayonnages n’aurait pas suffi. Surtout que le design actuel des grandes surfaces (20 000 pi2 en moyenne), l’offre et l’approche en matière d’expérience client étaient au beau fixe depuis des lunes.

Il fallait « s’adapter aux nouvelles tendances de consommation », insiste David Boone, en précisant qu’une douzaine de magasins seront rénovés chaque année.

On change l’entreprise très rapidement. Faire connaître ces changements est notre plus important défi.

David Boone, PDG de Bureau en gros/Staples Canada

Le budget de l’opération est confidentiel, mais le chantier sera assurément long : il y a 305 magasins Bureau en gros/Staples au Canada. Et comme ils sont « tous rentables », il n’est pas question d’en fermer. « Nous entrevoyons même certaines opportunités d’expansion », dit le détaillant qui misera davantage sur la clientèle d’affaires.

Design et conférences

Concrètement, l’entreprise souhaite rendre le magasinage plus agréable. De grandes tables rappelant celles d’Apple invitent les clients à tester les appareils électroniques ou à comparer les carnets de notes. On peut écouter le son des écouteurs Bose, essayer les crayons vendus à l’unité, une première. « Avant, on pensait au volume. Maintenant, les clients veulent plus d’expériences. »

Les enfants n’ont pas été oubliés : un présentoir plein de crayons de cire leur permet de n’acheter que leurs couleurs préférées, en les plaçant dans une boîte en métal. Un concept « unique au Canada ».

Les Canadiens nous disent qu’ils nous aiment, mais qu’ils veulent plus de style et de design dans leur environnement de travail. Alors, on a ajouté du style dans toutes les catégories de produits.

David Boone

Résultat, des objets colorés (et parfois aux accents scandinaves) qui semblent tout droit sortis d’un catalogue IKEA en ont remplacé d’autres, qui laissaient les clients froids.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Des tables qui ne sont pas sans rappeler celles chez Apple invitent les clients à tester les produits électroniques.

En tout, il y a 1000 nouveaux produits, tandis que 500 ont disparu. Même les uniformes des employés ont été redessinés pour être au goût du jour. Les magasins qui n’ont pas été convertis au nouveau concept vendent tout de même ces nouveaux produits, dont certains ont été choisis par Joe Mimram, fondateur des vêtements Joe Fresh (Loblaw).

Design d’espaces de bureau

Au fonds du magasin, un espace avec gradins appelé « Sous le projecteur » a été aménagé pour accueillir des conférenciers et tenir des soirées de jeux. « C’est l’avenir de la vente au détail ! », soutient David Boone. Des fournisseurs – surtout dans le secteur de la technologie – pourront y expliquer comment fonctionnent leurs produits, par exemple.

À Toronto, le détaillant est allé encore plus loin pour créer un lien, dit-il, avec la communauté : il a créé des espaces de travail collaboratif. Et l’idée fera des petits.

Bureau en gros veut aussi miser sur le fait que ses clients d’affaires « veulent plus d’aide », confie David Boone, ancien de Loblaw et de la Banque TD. De nouveaux services sont maintenant offerts, comme le marketing numérique, l’assemblage de mobilier, la planification et le design d’espaces de bureau.

Pour améliorer ses marges et se distinguer des concurrents, le détaillant lance également sept marques privées. Seulement cette année, « des centaines » de produits de ces marques seront mis en marché.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Ce mur de chaises semble tout droit sorti d’un catalogue IKEA. « Nous vendons plus de chaises pour les gamers que tout autre détaillant au Canada », précise David Boone, PDG de Staples Canada.

Le magasin de Laval est le troisième magasin au Canada doté du nouveau design, après ceux de Kirkland et de Toronto. Ceux-ci affichent une « hausse significative de leur achalandage et de leurs ventes », jure David Boone.

Nouvelle structure organisationnelle

En septembre 2017, l’entreprise américaine Staples a été acquise par le fonds d’investissement privé Sycamore Partners. Par la suite, « Staples Canada ULC est devenue une société privée et indépendante qui opère indépendamment des activités de Staples aux États-Unis », nous a précisé le détaillant. Bureau en gros/Staples, dont l’actionnaire principal est CSO Retail Intermediate, est une société incorporée en Colombie-Britannique, mais son siège social est situé à Richmond Hill, en Ontario.