Groupe Juste pour rire a complété sa nouvelle haute direction. Aux Bruce Hills, président de Just for Laughs, Patrick Rozon, vice-président aux contenus francophones, et Navaid Mansuri, chef de la direction financière, se joignent Anne Belliveau (chef de la direction du marketing), Rajaa Faour (directrice principale des ressources humaines) et Charles-Olivier Bernard (vice-président et avocat général). 

« À part Bruce Hills, toute la direction a changé, note Charles Décarie, lui-même devenu président et chef de la direction de Groupe Juste pour rire il y a moins de trois mois. Il faut transformer l’entreprise pour la faire grandir. On ne veut pas la laisser comme elle était. On ne peut faire les mêmes choses qu’avant. »

Entrevue avec le nouveau patron au sujet du 37e festival Juste pour rire, qui se tiendra dans un mois, sur sa vision des ressources humaines et sur les projets de croissance de cette entreprise culturelle après l’« affaire Rozon » qui a vu son fondateur Gilbert Rozon et ses sœurs perdre leur poste.

On a entendu plusieurs histoires au sujet de la façon dont des employés étaient autrefois traités à Juste pour rire. Avez-vous un gros défi en termes de gestion des ressources humaines ?

Je ne suis pas d’accord qu’on partait de loin. La plupart des artistes de Juste pour rire sont restés après la tempête. Il n’y a pas eu d’hémorragie. Et à mon arrivée, j’ai trouvé qu’il y avait une résilience exceptionnelle chez les employés. Ce qui est arrivé n’a pas altéré la passion des équipes à créer des shows. Des programmes vont être implantés progressivement. J’ai commencé à planifier des réunions avec les employés à l’hôtel de l’autre côté de la rue pour leur raconter les projets. De façon toute simple. La participation est élevée. Ça mobilise les gens. Je veux envoyer comme message que chez Juste pour rire, j’ai besoin des talents. Il faut qu’il y ait un milieu de vie, une philosophie pour les retenir. Je veux incorporer les meilleures pratiques d’affaires en gestion, car je veux être un des meilleurs employeurs. »

Est-ce qu’il y a des attentes de croissance élevée d’ICM Partners, Bell Média et Groupe CH (evenko), les propriétaires de Juste pour rire (depuis le printemps 2018) ?

Contrairement à d’autres entreprises, ces propriétaires ne sont pas un fonds d’investissement. Ils n’ont pas de vision à court terme de cinq à sept ans. Ils ne sont pas sous pression. Ils savent ce qu’est le show-business, car ils sont issus de ce milieu. Je n’ai pas de pression indue qui va dénaturer ce qu’est l’entreprise, qui va faire perdre son cœur créatif. Ces fonds sont dangereux pour des entreprises en création.

« Je parle toutes les semaines avec les partenaires. On va chercher des synergies. On a des ententes de services avec eux. Pour le festival, evenko va, par exemple, nous donner un coup de main sur les opérations (mise en place des scènes, sécurité). L’idée est d’avoir des économies d’échelle. Cela dit, Juste pour rire demeure une entité complètement autonome, qui garde le contrôle sur sa destinée, ses développements des affaires et créatif.

De quoi sera fait le prochain festival Juste pour rire ?

On s’attend à 2 millions de visiteurs, soit plus que l’an dernier à cause des évènements (NDLR : l’affaire Rozon) et de la canicule. Un vent de renouveau souffle chez Juste pour rire. D’une part, par l’équipe de gestion. La dynamique est nouvelle. On est ailleurs aussi dans ce qu’on va offrir cet été. Toute la programmation a été repensée. Le contenu tentait de séduire tout le monde. Là, il est centré sur la diversité, les communautés, les profs, les ados, les 65 ans et plus, les membres de la communauté LGBTQ… On a poussé beaucoup plus loin dans la segmentation. On a programmé plus de 410 spectacles dans 46 salles à Montréal. À cela s’ajoutera une journée francophone lors de la conférence de l’industrie ComedyPRO de quatre jours pour mousser nos contenus et nos artistes, pour que toute l’industrie puisse se rassembler et discuter.

Qui est Charles Décarie ?

Avant de diriger le Groupe Juste pour rire, Charles Décarie a été chef de l’exploitation de Triotech pendant trois ans. Auparavant, pendant 16 ans, il a occupé plusieurs postes au Cirque du Soleil, dont celui de chef de l’exploitation. Il a aussi été directeur chez Deloitte.