Le patron de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada a indiqué mardi que l’acquisition d’actifs majeurs jouerait un rôle clé dans l’atteinte de sa nouvelle cible financière sur trois ans, supérieure à la précédente, qui visait une croissance de 10 % de son bénéfice par action.

Lors d’une journée des investisseurs qui se déroulait mardi à Toronto, Jean-Jacques Ruest a mis de l’avant « un jeu offensif, avec des fusions et acquisitions », après des années consacrées à la croissance interne.

« Nous voulons renouer avec cela […] nous voulons une sorte de croissance inorganique », a affirmé aux investisseurs M. Ruest, qui occupe le poste de chef de la direction depuis 11 mois.

Le Canadien National (CN) a conclu en février l’acquisition de la société de camionnage et transport TransX, établie à Winnipeg.

En mai, l’offre conjointe de la société pour le plus grand terminal à conteneurs de l’est du Canada s’est éteinte lorsque l’exploitant portuaire PSA International, de Singapour, s’est emparé du terminal de Halterm, au port d’Halifax. M. Ruest avait pour projet de créer un « Prince Rupert de l’Est » et d’acquérir plus d’actifs non ferroviaires.

Cependant, l’administration portuaire de Québec a aussi annoncé le mois dernier qu’elle avait signé un accord avec le géant du port de Hong Kong, Hutchison Ports, et le CN, pour la construction et l’exploitation d’un nouveau terminal de conteneurs à Québec.

« Le Rupert de l’Est ne se produira peut-être pas toute seul. […] La réalité, c’est que, si personne ne construit le Rupert de l’Est, nous devrons trouver un moyen […] pour que cela se produise », a affirmé mardi M. Ruest, évoquant des coentreprises.

Il a souligné le « réseau sous-utilisé » du CN entre Toronto et Halifax, qui a enregistré une croissance beaucoup plus lente de ses tonnes-milles commerciales, un indicateur clé de l’industrie.

« La fabrication dans l’Est ne se développe plus. Ce qui est en croissance, ce sont les gens. Les gens consomment […] et ça, c’est le transport intermodal », a-t-il affirmé en se référant au trafic de conteneurs.

Le CN a dit anticiper une croissance supérieure à 10 % de son bénéfice de 2020 à 2022, tout en réitérant son objectif de croissance d’entre 10 % et 15 % pour 2019.

Walter Spracklin, analyste de RBC Dominion valeurs mobilières, a estimé que la prévision d’une croissance en volume inférieure témoignait des tonnes-milles commerciales plus faibles que prévu.

M. Spracklin a estimé qu’un conflit commercial avec les Chinois au sujet du canola, la réduction du nombre de chargements de wagons de sable fracturé en raison du temps pluvieux et le détournement de la circulation en raison de la menace d’une grève au port de Vancouver ont tous affecté les volumes.

Il a ajouté que les prévisions, établies dans le cadre de la journée des investisseurs du CN cette semaine, portaient sur trois années plutôt que sur cinq, ce qui laisse croire que les objectifs poursuivis sont dans la continuité de ceux qui ont été mis en place lors de la journée des investisseurs précédente de la société, en 2017.