À l’instar des autres groupes d’employés de Transat, le regroupement des 658 pilotes de sa filiale Air Transat est impatient de connaître la suite des tractations d’achat avec le concurrent Air Canada.

Selon leur principal représentant, les pilotes sont particulièrement préoccupés par leurs conditions de travail après leur éventuelle intégration dans l’effectif de 4100 pilotes chez Air Canada.

« Les conventions collectives des pilotes sont très complexes et souvent très liées à chaque transporteur, avec très peu de possibilités de suivi des conditions lors d’un transfert chez un autre transporteur. Par conséquent, quand des pilotes changent de transporteur, ils se retrouvent souvent tout en bas de l’échelle chez leur nouvel employeur, avec très peu de considération pour leur ancienneté et leur expérience antérieure », a déclaré à La Presse le commandant Sébastien Roussel, pilote chez Air Transat et directeur de la section locale affiliée à l’Association internationale des pilotes de ligne (ALPA).

Dans ce contexte, M. Roussel et ses collègues pilotes chez Air Transat espèrent que les prochaines décisions des dirigeants des deux entreprises dans leur processus d’achat et de fusion permettront « d’éviter les erreurs du passé » dans l’intégration de groupes de pilotes et leur convention collective.

« On l’a vu dans plusieurs fusions de transporteurs au fil des ans, et notamment dans le cas de Canadian Airlines et Air Canada », relate M. Roussel. 

« Quand l’intégration des groupes de pilotes s’effectue dans l’acrimonie, avec des conditions de travail très diminuées pour les pilotes qui changent d’employeur, ça peut envenimer les relations de travail entre collègues pour des années à venir. » — Sébastien Roussel, pilote chez Air Transat

N’empêche, à la lumière de ses contacts réguliers avec la direction des pilotes d’Air Canada, le principal représentant des pilotes d’Air Transat dit avoir « confiance envers une approche de bonne foi » entre les parties lors de futures négociations de fusionnement d’effectifs.

Du côté de l’Association des pilotes d’Air Canada, encore hier, on a décliné tout commentaire à propos du projet de leur employeur d’acheter Transat et sa filiale Air Transat.

Une surenchère peu probable

Par ailleurs, il est peu probable qu’un investisseur soumette une offre d’achat supérieure à celle de 520 millions de dollars présentée par Air Canada pour Transat A.T., ont estimé hier des analystes.

Air Canada a annoncé jeudi avoir conclu une entente exclusive de 30 jours pour tenter de négocier le rachat de la société mère du transporteur aérien Air Transat au prix de 13 $ par action.

L’action de Transat est demeurée essentiellement inchangée hier, après avoir pris la veille environ 13,4 %, pour clôturer à 12 $.

L’analyste Kevin Chiang, de Marchés mondiaux CIBC, a indiqué qu’il ne s’attendait pas à voir une offre plus élevée, soulignant que celle-ci représentait une prime de 148 % par rapport au cours moyen de l’action sur les 20 jours qui ont précédé le 30 avril – soit la journée où Transat a fait savoir qu’elle discutait avec des parties non identifiées en vue de son éventuelle vente.

Cameron Doerksen, analyste à la Banque Nationale, estime qu’il est « fort probable » que l’accord soit conclu, car l’offre d’Air Canada est probablement supérieure, du point de vue financier, à d’autres offres que Transat pourrait avoir examinées. En outre, Air Canada apporte à la transaction des synergies opérationnelles.

L’analyste indépendant des compagnies aériennes Rick Erickson dit qu’il ne connaît personne au pays qui pourrait se permettre de surenchérir, rappelant que la propriété étrangère de toute compagnie aérienne canadienne est limitée à 49 %.

L’entente prévoit une indemnité de rupture de 15 millions payable par Transat si celle-ci accepte une offre supérieure.

— Avec La Presse canadienne