Gazelles habille les femmes d’affaires depuis 2014. Mais avec l’ouverture d’une première boutique, il y a trois semaines, la designer de la griffe, Habi Gerba, affirme son désir de vêtir une tranche de la population, soit les présidentes, vice-présidentes et associées d’entreprise de plus de 40 ans, qui ont peu de temps pour magasiner.

« Quand on atteint la haute direction, on a envie que nos vêtements reflètent notre positionnement professionnel, notre ambition et notre professionnalisme, estime Habi Gerba. J’aime le regard que les femmes d’affaires ont par rapport aux vêtements, elles qui se font beaucoup juger, analyser. Je fais des armures, pas un uniforme. Or, on se sent en contrôle quand on est bien dans un vêtement. »

Cette réflexion symbolise le nom de la marque. « Un nom qui représente à la fois ma cliente et un animal élégant, qu’on remarque, fort dans un environnement peu facile, donc qui a un instinct de survie. »

Sa boutique déploie sa toute première collection de prêt-à-porter, alors que Gazelles était jusqu’ici constituée de pièces sur mesure confectionnées dans un atelier du Mile End. « La vente en ligne prend beaucoup de place, mais bien des gens vont en boutique », justifie Habi Gerba.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Habi Gerba, designer et propriétaire de la boutique Gazelles

« Les femmes d’affaires ne consomment pas de la même façon. Il y a des vêtements qu’on n’a pas le choix d’essayer. » — Habi Gerba

Ainsi, l’espace, situé rue Saint-Denis, à Montréal, est aussi aéré qu’intime et lumineux, avec une seule cabine d’essayage, et n’est ouvert que sur rendez-vous, pour une femme à la fois. Celle-ci y reste habituellement une heure. Elle repart avec en moyenne trois morceaux et une facture moyenne de 1500 $, selon Habi Gerba.

Ouvrir une boutique sur une artère en perte de vitesse depuis des années n’a pas rebuté la designer de 27 ans. « Je ne suis pas ici par hasard, dit-elle. La rue est plus calme qu’au centre-ville et à moins de 15 minutes de celui-ci. Il y a du stationnement. C’est une artère avec des commerces de proximité qui permet un contact direct avec leur propriétaire bien souvent. Pour moi, Saint-Denis n’est pas en train de mourir, mais de se transformer. »

Habi Gerba a profité d’un loyer avantageux et du programme pour artères en chantier PRAM de la Ville de Montréal, qui permet le remboursement de certains frais de rénovation. « Ça tombait bien ! », lance celle qui a mis sur la table ses économies, de l’argent de ses parents et bénéficié d’un prêt bancaire pour matérialiser son rêve.

« J’ai économisé depuis mes 16 ans. J’ai flambé ma première paye en bijoux, à l’époque, et j’ai économisé le reste ! » — Habi Gerba

Le lieu expose une collection d’une vingtaine de morceaux différents : vestons, robes, pantalons, jupes et manteaux confectionnés dans des tissus qui ne se froissent pas, ou si peu. « On utilise beaucoup de soie, une fibre qui s’insère facilement dans une valise », note Habi Gerba.

Un espace derrière est consacré aux rendez-vous pour la création de pièces sur mesure, une activité que Habi Gerba poursuit, notamment pour combler les besoins événementiels des clientes.

Ces femmes d’affaires, l’entrepreneure dit les côtoyer depuis l’adolescence, lorsqu’elle a commencé à travailler pour ses parents, fondateurs d’Afrique Expansion. « J’entendais les plaintes de femmes par rapport à certains vêtements portés », raconte celle qui a fait enregistrer par sa mère le nom Gazelles en 2003.

Sa clientèle cible est-elle assez nombreuse pour lui permettre de croître ? « Oui, répond Habi Gerba. Beaucoup de femmes magasinent ailleurs leurs vêtements d’affaires. À Montréal, il y a peu de griffes locales.

« Et puis, mon rêve n’a jamais été d’avoir 50 boutiques. Les femmes d’affaires ont besoin de renouveler leur garde-robe, car elles sont très sollicitées, pour des conférences entre autres. Je produis aussi peu de pièces, car je ne veux pas qu’elles soient toutes habillées de la même façon ! »