(Montréal) La tension monte entre des syndicats qui se battent pour syndiquer les travailleurs de la Société québécoise du cannabis. Les TUAC viennent de déposer une requête pour représenter d’autres salariés de la succursale de Joliette, mais ils se plaignent de manœuvres d’intimidation de la part de la CSN.

Et la CSN se défend d’avoir eu un comportement répréhensible. Elle souligne que ce n’est pas la première fois que les TUAC, qui sont affiliés à la FTQ, se plaignent d’intimidation de la part de ses représentants.

Au cours d’une entrevue mercredi, le président du conseil provincial des TUAC, Antonio Filato, a indiqué que les TUAC envisagent même de porter plainte contre la CSN pour intimidation, avec photo à l’appui d’un travailleur qui est encerclé par des représentants de la CSN lorsqu’il sort de la succursale.

« On était à la porte. On était à peu près 12. La CSN était là, nous aussi. On avait fait signer les gens. Et la CSN, je trouve que c’est pas mal intimidant la façon dont ils fonctionnent. Nous, on reste à l’écart, on jase avec les travailleurs. Eux se placent à la porte et, quand les travailleurs sortent, ils les empêchent de nous parler et ce sont eux qui leur disent toutes sortes d’affaires et qui les encerclent », a relaté M. Filato.

La présidente du Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la Société des alcools, Katia Lelièvre, donne une tout autre version des faits. Elle concède que les représentants de la CSN y étaient « nombreux », mais elle assure qu’il s’agissait simplement de syndiqués CSN à la Société du cannabis à Montréal et Trois-Rivières qui étaient venus « bénévolement » parler à leurs collègues de Joliette.

« Ils leur ont dit qu’ils avaient vécu la même chose avec les TUAC, que les TUAC leur disent : “c’est moi ton syndicat, il faut que tu signes ». Ils les forcent pratiquement à signer. On est obligé de faire du rattrapage pour leur dire : « c’est faux, tu as le choix” », a raconté à son tour Mme Lelièvre.

La CSN a tout de même réussi à faire signer à quatre travailleurs des renonciations d’adhérer aux TUAC — que l’on appelle des démissions, dans le langage syndical.

Néanmoins, les TUAC ont déposé leur requête pour représenter la quinzaine de travailleurs de la succursale de Joliette. Mais M. Filato admet qu’il ne sait plus, dans ce contexte, s’il sera parvenu à atteindre la majorité.

Les TUAC représentent déjà les travailleurs de trois autres succursales de la SQDC, celles de Rimouski, Mirabel et Rosemont-Petite-Patrie, à Montréal.

La CSN représente ceux des succursales de Mascouche, Trois-Rivières, de même qu’Acadie et de la rue Sainte-Catherine Ouest, à Montréal.

Et le SCFP

Quant au SCFP, il a déposé trois requêtes en accréditation syndicale, mais sur une base régionale plutôt que par succursale. Cela concerne six succursales de la SQDC dans les régions de la Montérégie, du Centre-du-Québec et de Québec-Chaudière-Appalaches.

La décision du Tribunal à ce sujet n’a pas encore été rendue. Des dates d’audiences sont prévues jusqu’au début de juillet, a précisé Mathieu Dumont, coordonnateur du service de la syndicalisation au SCFP.